Sa fille a gagné, nous nous sommes séparés après quelques mois de vie commune
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Famille recomposée : “Sa fille a gagné, on s’est séparés après quelques mois de vie commune”

Après des années à se voir en amoureux puis une semaine sur deux au gré du rythme de la garde alternée, Damien et Stéphanie finissent par habiter sous le même toit. Du bonheur pour les parents enfin réunis, mais le début d’une descente aux enfers, au rythme des crises de la fille ado de Stéphanie qui n’accepte pas la situation. Le couple n’y survivra pas. Récit d’une déconstruction.

“Je me suis séparé de la mère de mes enfants à l’été 2014, mes enfants ont 3 et 5 ans à l’époque. En septembre, nous commençons la garde alternée une semaine sur deux, et moi je me lance dans la construction d’une maison… et la création d’un compte Meetic. C’est ainsi que je rencontre Stéphanie quelques mois plus tard. Nous attendons 6 mois pour faire se rencontrer nos enfants lors d’un pique-nique. Les siens sont plus grands : un garçon de 11 ans et une fille de 14 ans, avec qui elle vit aussi en alternance une semaine sur deux.

Séparation conflictuelle et mode de garde

Nous nous voyons souvent tous les deux, les soirs de semaine, les week-ends en amoureux… Puis, de plus en plus souvent tous ensemble, tous les six, pour les vacances, quelques les week-ends, souvent dans ma nouvelle maison. De mon côté, la séparation se passe bien. En revanche, de l’autre côté, l’ambiance est beaucoup plus compliquée et à la fin 2015, la garde des ados est donnée à 100% à Stéphanie : ils ne peuvent pratiquement plus voir leur père. C’est une situation très triste et tendue.

Pour nous, cela change beaucoup de choses car nous ne pouvons plus nous voir seuls. Si je veux voir ma chérie, je dois aller chez elle avec ses ados. Les semaines où je n’ai pas mes enfants, je vais donc chez elle… avec ma valise. Mais tout va bien dans notre couple et les enfants/ados s’entendent bien. Ils n’ont pas le même âge, il n’y a pas de conflits. Au fil des ans, nous faisons de plus en plus de choses à 6. 

La jalousie en embuscade

En 2018, après quelques turbulences dans le couple, je commence à vraiment en avoir marre de vivre avec des valises.. Mais l’ambiance de la séparation est toujours très conflictuelle du côté de Stéphanie. Et quelques fois, ses ados commencent à être un peu jaloux. Jaloux du papa poule que je suis avec mes garçons, de tout ce que je fais avec eux (et qu’ils ne font pas avec leur père). Et surtout, pour sa fille, jalouse du temps que je passe avec sa maman. Il y a aussi ce décalage qui se crée du fait que je passe beaucoup de temps avec eux alors que Stéphanie ne voit pas beaucoup mes enfants. 

Vivre ensemble, entre bonheur et épreuve

Malgré tout, en 2019, nous décidons de vivre ensemble sous le même toit. Elle est en location, j’ai une belle maison avec de la place, une piscine, etc. Je lance un projet d’agrandissement pour rajouter deux chambres. Objectif : avoir cinq chambres pour que chaque enfant ait la sienne. Les miens sont partants, son fils aussi mais sa fille traîne un peu des pieds. Finalement, ils emménagent en plein Covid, sa fille arrive un peu plus tard. Pour nous, pour le couple, cela a été vraiment sympa de se retrouver. D’être enfin tous les soirs ensemble. Le samedi matin, de partir au marché à deux… De pouvoir inviter des amis et ne pas avoir à repartir dans l’autre maison.

Mais la cohabitation a été un choc pour sa fille, qui était un peu “la princesse à sa maman”, et qui d’un coup, à presque 18 ans, n’a plus sa mère “que pour elle”. Alors que les trois garçons s’entendent bien, elle complique beaucoup les choses, elle fait des caprices dignes d’une enfant… Et face à ses crises, sa mère cède. Elle peut annuler une sortie prévue  pour gérer sa fille. Qui, par ailleurs, commence à prendre la maison pour un hôtel, à venir avec son copain n’importe quand… Je ne le supporte pas.

Cela crée beaucoup de tensions dans notre couple. Le pire, c’est que nous ne pouvons plus nous retrouver tous les deux : les ados sont à 100% à la maison et nous n’avons plus de lieu pour souffler à deux. Nous avons bien fait quelques week-ends en amoureux mais les retours étaient catastrophiques. Nous retrouvions de la vaisselle sale, des déchets… Stéphanie se retrouve coincée entre les chantages de sa fille et son amoureux et elle n’ose rien faire. Il lui arrive de pleurer et je suis très triste : je n’ai pas fait tout ça pour faire pleurer mon amoureuse ! Je commence même à douter, à me demander si c’est moi le méchant tellement la situation est devenue malsaine à la maison. Et puis je me rends compte qu’elle finit par me cacher des choses qu’elle n’assume pas, pour couvrir sa fille. C’est un élément déclencheur…

Une lente déconstruction du projet de famille recomposée

Au bout d’un an de tensions et des mois de réflexion, je demande à Stéphanie de reprendre un logement de son côté. J’en ai parlé à des amis proches ; je suis sur les nerfs en permanence et quelques fois, je n’ai même plus envie de rentrer chez moi. C’est dur à entendre pour Stéphanie qui est sous le choc mais qui, après avoir beaucoup parlé, accepte. Pour son fils aussi, c’est difficile, il se sent à nouveau abandonné, comme avec son père, repoussé. Il subit encore plus les perturbations de sa sœur… Mes enfants, eux, comprennent même si je devine qu’ils sont tristes. Ils aiment bien Stéphanie, qui est super avec eux, et les 2 ados. Ça faisait du monde à la maison. De mon côté, je n’ai mis aucun ultimatum mais sa fille presse sa mère et finalement décide de partir sans attendre. Elle ne veut plus me voir.

C’est le début d’une longue déconstruction.. Pendant plusieurs mois, nous sommes 5 à la maison, c’est plus apaisé. Puis Stéphanie déménage en décembre 2021 dans sa nouvelle maison. Je fais tout pour que cela se passe bien. Mais de mon côté, je ressens cela comme un échec total, je traverse une grosse déprime. Toute cette énergie dépensée pour que cela ne dure pas ! Nous discutons beaucoup avec Stéphanie, mais en résumé, sa fille a gagné. Elle a retrouvé sa mère à plein temps. Pire, elle a même décidé que je ne pouvais pas aller dans leur nouvelle maison. Nous n’avons pas pu fêter Noël ensemble, pour moi cela a été le début de la fin.

Une sensation d’immense gâchis

J’ai fini par jeter l’éponge. Je l’ai quittée en janvier 2022. Cela a été un tsunami pour Stéphanie… et pour moi. J’ai ressenti une très une grosse colère. Une sensation de gâchis complet. Depuis, j’ai beaucoup plus profité de mes enfants en revivant à trois… c’est important aussi. Mes enfants sont des ados maintenant, ils ont quasiment l’âge des enfants de Stéphanie quand je les ai rencontrés. J’ai mis un an à m’apaiser, à dépasser cette colère. Depuis quelques mois, nous nous revoyons avec Stéphanie. Mais je ne me considère pas en couple, nous nous retrouvons pour passer des week-ends ensemble. Nous ne parlons pas de nos enfants, je ne veux rien savoir de sa vie. Elle cache cette relation à ses enfants, elle dit simplement que sa fille et moi sommes incompatibles. Très peu de personnes sont au courant. Les enfants notamment ne sont pas au courant. Cette situation transitoire est difficile à définir, je ne vois plus d’avenir dans cette relation mais pour l’instant, je ne souhaite pas plus.

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Rédactrice depuis presque 20 ans, Coralie s'est spécialisée dans les sujets lifestyle et tout ce qui touche la famille (société, psychologie, éducation, développement de l'enfant, bien-être...). Mère et belle-mère, elle chronique régulièrement sur Les Nichées ses coups de coeur et sa vie en famille recomposée.