Derrière les "tu n'es pas ma mère... Tu n'es pas mon père"
Famille recomposée,  Heureux ensemble

Derrière les « Tu n’es pas ma mère… Tu n’es pas mon père… »

C’est la phrase tant redoutée par toutes les belles-mères et les beaux-pères. Une phrase choc qui leur va droit en plein cœur, mais qui peut être aussi le début d’une prise de conscience et du chemin vers une meilleure communication au sein de la famille recomposée. Dans cette chronique, Estelle Jouquan explique les promesses et le déroulé du coaching pour faire face à ce genre de crise.

Cela fait maintenant 3 ans que j’exerce mon métier de coach en famille recomposée. J’ai déjà accompagné beaucoup de familles dans leur parcours pour plus de sérénité dans leur vécu de la recomposition.

Les histoires sont diverses et variées et aucune ne se ressemble.  Quand des problèmes s’installent, ces familles aimeraient se comparer à d’autres. Elles aimeraient savoir si la situation dans laquelle elles se trouvent est normale. Cela les rassurerait de voir que d’autres sont dans le même cas. Certainement pour se sentir moins isolées. Les individus qui composent une famille recomposée sont tellement différents. Chacun arrive avec ses bagages : adultes comme enfants, d’ailleurs. Cela suit bien souvent une rupture avec une vie précédente. Les émotions sont parfois encore présentes. Personne n’a vécu de la même manière cette rupture et cette fin d’histoire. Il est donc impossible de se comparer aux autres. Même quand les histoires de chacun semblent au premier abord se ressembler.

Les craintes des familles recomposées

Les recherches faites sur Google sont parlantes. La première porte sur les simples mots « famille recomposée ». La deuxième la plus populaire est « pourcentage échec famille recomposée ». Le nombre moyen de recherches mensuelles de ce mot-clé sur les 12 derniers mois est de 480. Un chiffre qui me fait personnellement froid dans le dos. Il y a donc bien des familles qui cherchent à se comparer et voir si d’autres sont en échec… S’en suivent les recherches : « Quel est le taux de réussite des familles recomposées ? » ou « Quelles sont les difficultés d’une famille recomposée ? ».  Il y a là un véritable sujet à traiter, de réelles problématiques et des craintes à apaiser.

S’exprimer n’est pas communiquer : ce qu’est une réelle communication

Pour la moitié des familles que j’ai accompagnées, la communication au sein du foyer fait défaut. Certaines familles le savent. Cela permet de travailler directement le sujet pour essayer de fluidifier l’ensemble. C’est à l’aide d’outils spécifiques que chacun arrive à avancer à son rythme. C’est le couple qui est souvent au cœur du débat. Cela peut aussi concerner les enfants, beaux-parents et beaux-enfants.

D’autres familles sont convaincues d’avoir une bonne communication. Les membres de la famille n’ont pas de mal à s’exprimer. C’est intéressant de leur faire prendre conscience que s’exprimer n’est pas synonyme de bien communiquer. Ils en font rapidement le constat. Après quelques séances, ils repartent avec un panel d’outils qui leur sont propres. Les quelques tips donnés leur permettront de mettre des choses en pratique au quotidien. C’est important de s’adapter à sa propre famille. Ce qui fonctionne chez les uns, ne fonctionne pas forcément chez les autres. Je vous livre une astuce à décomposer en 3 temps quand vous voulez faire passer un message. Posez-vous 3 questions, à 3 moments différents :

–          AVANT : Est-ce le bon moment pour dire ce que j’ai à dire. Si vous êtes prêt.e, peut-être que votre interlocuteur ne l’est pas.

–          PENDANT : Ai-je choisi les bons mots ? Sans offenser la personne et en exprimant clairement ce que je souhaite.

–          APRÈS : Suis-je sûre que la personne a bien compris mon message ? Dois-je le répéter ? Le reformuler ?

Cette astuce est déjà un premier cadre simple à mettre en place. Vous avez sûrement entendu votre conjoint vous dire « tu ne me l’as pas dit ». Et vous de lui répondre : « je t’en ai parlé hier », ou « ça fait 3 fois que je te le répète ». Une preuve irréfutable qu’il y a quelque chose à travailler.

Estelle Jouquan est coach certifiée mais c’est avant tout une femme qui a trouvé son équilibre de vie au sein de sa famille recomposée. Maman de 2 enfants et belle-maman de 3, elle a grandi avec des parents séparés depuis l’âge de 6 ans. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est spécialisée dans le coaching en famille recomposée. Par son expérience de vie, elle comprend les problématiques que les nouvelles configurations familiales peuvent poser aux enfants et celles rencontrées par les parents et beaux-parents. 
Son meilleur conseil ? Pour une famille recomposée heureuse, c’est le temps votre meilleur allié !

Plus d’infos sur son site

La délicate question des ressentis

Pour un tiers des familles (suivant mes propres statistiques personnelles), le problème se situe au niveau d’un ressenti. Il y a comme un manque d’investissement du beau parent ? Soit c’est le beau-parent lui-même qui le ressent, soit c’est le parent qui le ressent de son conjoint. Si ce manque d’investissement est avéré, il faut essentiellement en comprendre la cause. Est-ce volontaire ? Ne serait-ce pas un moyen de vous protéger ? Se protéger de quoi ?

C’est là que pour ce tiers de personnes, c’est LA phrase qu’ils ne veulent pas entendre. 

La fameuse « TU N’ES PAS MA MÈRE » ou « TU N’ES PAS MON PÈRE ».

Du coup, personne ne s’investit, personne ne dit rien sur les choses qu’ils ne tolèrent pas. C’est en effet un bon moyen pour éviter ce genre de déconvenue. Mais à ne jamais rien dire ou rien faire, où se situe votre propre épanouissement ? Pour quelles raisons cette phrase choc est si dérangeante pour vous ? (Je commence un coaching avec vous sans le vouloir ,on dirait.)

Ce que je dis toujours et qui surprend quand même à l’instant T : « l’enfant a raison. Vous n’êtes pas son père ou sa mère ».

Ce que cache les « Tu n’es pas ma mère »

Mais il est intéressant de savoir pourquoi l’enfant arrive à cette phrase choc. C’est une phrase facile quand l’enfant est poussé dans ses propres retranchements. Vous avez visiblement touché ses limites. Mais pour vous l’adulte, que répondre ? C’est là que vous allez vous créer votre propre place dans cette famille recomposée. J’insiste sur le mot « créer », car il n’y a pas de place « à prendre », elles sont déjà toutes prises. Vous n’êtes ni la mère ou ni le père. En revanche vous avez votre mot à dire. Vous avez vos limites qui sont certainement différentes du parent. Il vous appartient de le dire. C’est facile à dire comme ça, mais c’est sur quoi nous travaillons ensemble.

Oser regarder les problèmes en face

Il y a quand même un point commun qui lie toutes ces familles recomposées quand elles amorcent un coaching. Elles veulent faire bouger les lignes, avancer, trouver des solutions aux soucis du quotidien. L’amour est là sans problème. Mais parfois, ce n’est plus suffisant. Les problèmes dans le foyer se sont accumulés, sans jamais les avoir traités à bras le corps. Par moment, ces familles ont peur de mettre le doigt sur ce qui ne va pas. Elles sont souvent démunies car elles ne savent pas comment s’y prendre. Chacun reste sur ces positions et le couple s’essouffle. L’énergie n’est plus là. Mais il y a encore une petite lueur d’espoir avec le coaching. Ce n’est pourtant pas une solution miracle et cela demande du travail.

Coaching pour les familles recomposées : comment ça se déroule, pourquoi ça marche ?

Le premier contact pour un coaching se fait par mail. Les 3/4 des demandes sont faites par des femmes mais les hommes les soutiennent dans cette approche. C’est toujours délicat de mettre les mots sur un mal-être. Le mail peut être ordonné ou non. Les émotions se mélangent mais peu importe. Les personnes me font le bilan de leur situation familiale. Cet e-mail permet une première libération. C’est déjà un soulagement. Au premier appel, j’entends très souvent : « désolé de vous dire tout ça ». L’instant d’après c’est plutôt « c’est quelque chose que je n’avais jamais dit. Ça fait du bien de se libérer ».

C’est exactement ça. Pour se libérer et se sentir plus léger, il faut verbaliser à voix haute ce qu’on pense tout bas. Même des choses qui paraissent inavouables. « Je ne me sens pas à l’aise avec ses enfants », « Je n’ai pas ma place au sein de ce trio », « Je n’aime pas leur présence », « J’ai toujours l’impression de la partager », « Il n’est pas pareil les semaines avec et sans enfants », « Je suis jalouse d’eux ». C’est inutile de lutter contre ce que vous pensez au plus profond de vous-même.  Quelque fois les ressentis sont légitimes mais avant que cela ne vous pollue trop, il faut désamorcer les choses. Cela peut être un travail individuel ou en couple. A chacun ses besoins et ses envies. L’important au bout du compte est d’arriver à avancer, comprendre où cela bloque. Une prise de recul avec une tierce personne peut être opportun. Votre famille recomposée est unique et représente une vraie richesse. Il faut juste arriver à un bon équilibre et être aligné entre votre corps, votre cœur et votre tête.

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Estelle Jouquan est coach certifiée, spécialisée en famille recomposée. Mais c'est avant tout une femme qui a trouvé son équilibre de vie au sein de sa famille recomposée. Maman de 2 enfants et belle maman de 3. Elle a grandi avec des parents séparés depuis l’âge de 6 ans.