Parents séparés : réagir aux phrases qui tuent des enfants

Les secousses de la séparation n’épargnent pas les enfants dont les mots peuvent parfois se révéler bien cruels. “Je ne veux plus vivre avec toi”, “Je veux que tu te remettes avec maman” et “J’en ai rien à faire, t’es pas mon père” arrivent dans le top 3 de ces petites phrases qui font des dégâts dans le coeur des adultes mais qui sont surtout le signe d’une difficulté qui n’est pas encore dépassée chez l’enfant. Maëlys Le Levreur, éducatrice et formatrice, fondatrice de My Little Coaching, vous dit comment leur répondre (et accuser le coup en douceur…)

« Je veux plus vivre avec toi ! Ramène-moi chez papa/maman ! »

Les enfants de parents séparés doivent souvent s’adapter en permanence : une vie chez papa, une autre chez maman. Cela fait des enfants intelligents mais qui sont souvent traversés par des émotions qu’ils ont du mal à gérer.

Peur, colère, frustration, tristesse… cela peut se traduire par des débordements éprouvants pour les parents qui doivent pourtant, quoi qu’il arrive, tenir le cap. Cela vaut notamment pour ces moments de crise où l’enfant, mécontent d’un côté, veut partir chez l’autre. Et inversement. Comment faire ? Faut-il céder (après tout, il a le droit de vouloir voir sa mère…) ? Refuser voire l’en empêcher s’il est plus grand sous prétexte que c’est notre semaine ou que ce n’est pas lui qui décide ?

“On voit effectivement beaucoup d’enfants faire un peu de “tourisme familial” : je ne veux pas rester chez papa, je veux aller chez maman ce soir ou revenir chez papa tout de suite…”, résume Maëlys Le Levreur. “Mon conseil : ne pas céder. Et maintenir le cadre. Car que se passe-t-il dans la tête du jeune si le parent cède ? L’enfant a alors de fortes chances de se dire “ben papa, au final, il veut que je m’en aille aussi. Il n’a pas cherché à me retenir. Il ne m’aime pas assez”. Pas très rassurant pour lui, à un moment où, inconsciemment, il cherchait à “tester” l’adulte.

Maëlys Le Levreur est éducatrice de jeunes enfants, éducatrice Montessori et ancienne directrice de crèche. Aujourd’hui conférencière et formatrice, elle a créé @Mylittlecoaching pour partager son expérience lors de conférences en entreprise mais aussi auprès de particuliers. Elle vient de publier son premier ouvrage Vous êtes déjà le parent idéal – Mille et une astuces pour vous faire confiance, aux éditions Jouvence.

« Je veux que vous reveniez ensemble avec papa/maman ! »

“Pour tous les enfants, la séparation de leurs parents est un deuil. La fin de leur histoire d’amour est quelque chose de très difficile à vivre. Et il faut pouvoir l’entendre en tant que parent. Quand ils disent “papa et maman je veux qu’ils retournent ensemble”, ils expriment alors la nostalgie et le manque de “la vie d’avant”. Cette vie tous ensemble qui est pleine de super souvenirs. C’est bien normal et c’est pour cela, bien souvent, que ces demandes reviennent à des moments symboliques : Noël et les fêtes de fin d’année ou les anniversaires. Ils veulent retrouver cette ambiance familiale d’autrefois.

Ce que vous pouvez leur dire pour réaffirmer le cadre, très simplement : “J’entends, tu as plein de jolis souvenirs mais là, maintenant, ce n’est plus possible : papa et maman ne vont pas revivre ensemble.”

« T’as rien à me dire, tu n’es pas mon père/ma père ! »

“Tu n’es pas ma mère/mon père”… Quel beau-parent ne l’a pas entendu ? “Mon premier conseil est d’essayer de prendre un peu de recul. Ce qui n’est pas évident !”, reconnaît Maëlys Le Levreur… “Quand on reçoit ce genre de remarque, notre première réaction, bien humaine, est de se dire “Waouh, c’est super violent pour moi!”. Mais idéalement, il faudrait pouvoir réfléchir à ce que cela veut dire pour eux. Car pour eux aussi, la situation peut être hyper violente.

Ma recommandation ? Expliquer calmement : “En effet, je ne suis pas ta maman, et je ne la remplacerai jamais parce que ta maman a un tel amour pour toi, que je ne pourrai – et je ne voudrai – jamais remplacer ça ! En revanche, je suis l’amoureuse de ton papa et je suis une adulte. Et en tant qu’adulte, je suis là pour veiller sur toi. Et veiller sur toi, ça veut dire, parfois, te mettre des limites, du cadre. Même si tu n’aimes pas trop ça.”