Famille recomposée,  Heureux ensemble

Micro-agressions, hyperconnexion… Ces pièges qui tuent le couple à petit feu

Et si le couple ne mourait pas tant de crises violentes que du manque d’attention à l’autre ? D’un engourdissement à petit feu fait de micro-agressions et d’une mauvaise communication qui, sans que l’on se l’avoue, finit par éteindre les sentiments. Une forme de “quiet quitting”qui lentement mais sûrement nous fait perdre de vue notre histoire d’amour (pourtant la base de tout). Dans leur dernier livre, “Fuck, où est passé mon couple ?!”, Anne-Sophie et Fanny Lesage se sont penchées sur les mécanismes à l’œuvre et sur comment, en en prenant conscience, on peut ramener le couple à la maison ! Interview.

Les Nichées : A partir de quel moment peut-on légitimement se dire qu’on a perdu de vue son couple ? Quand doit-on s’inquiéter ?

Anne-Sophie Lesage : On ne veut culpabiliser personne car en tant que parents on sait qu’on le fait tous. Mais le fait de se lever le matin sans vraiment dire un “vrai” bonjour à l’autre, sans une seule marque d’affection, ce n’est pas un super départ pour la journée, ni un super signe pour son couple. Pourtant, on trouve le temps de faire un câlin à nos enfants, de vérifier nos messages… Mais ces matins-là peuvent être un signal. Celui qu’il est peut-être temps de porter à l’autre au moins autant d’attention qu’à son smartphone, par exemple (rires).

Fanny Lesage : Le pire, c’est que si on est honnête avec soi-même, on en a souvent conscience au fond de nous, ça nous traverse tous la tête à un moment donné… Sans pour autant que cela nous pousse à changer.

Anne-Sophie : C’est là justement l’intention du livre : montrer comment on finit par arriver à ce “quiet quitting”. Parce qu’aujourd’hui, bien souvent, tu ne quittes même plus le navire en prenant l’énergie d’une grosse scène, d’un gros face à face. Non c’est plutôt qu’on “éteint les flammes de l’amour”, l’air de rien, petit à petit, à ne pas faire d’efforts… Le pire, c’est que tu as l’impression que tu ne prends pas de décision. Mais si, au final, à ne rien faire pour ton couple, tu es bien en train d’en prendre une, de décision. 

Face à cette mort annoncée du couple, l’accusée numéro 1, c’est la routine. Mais à vous lire on pourrait ajouter le manque de temps, les enfants, le travail ? Et la flemme aussi, non ?

Fanny : Ca peut être tout ça à la fois, mais selon nous, il y a une autre grande ennemie sous notre toit : l’hyperconnexion. Qui n’a jamais repensé à sa soirée de la veille, quand on était sur le canapé ou dans le lit, en ayant conscience que ce n’est pas bien d’être chacun de son côté, sur son téléphone, sans communiquer ? Pourtant, ça, c’est vraiment un truc concret sur lequel tu peux agir assez facilement… à partir du moment où tu en as conscience !

Anne-Sophie : C’est comme pour les disputes ! Quand on regarde ce qui les déclenche le plus souvent, on trouve des petits gestes, qui deviennent presque des micro-agressions du quotidien. Pour toi, ce n’est rien : tu vas lever les yeux au ciel, quitter la pièce en marmonnant ou laisser traîner délibérément cette petite cuillère qui agace beaucoup l’autre… Sauf que ces petites choses mises bout à bout nous ferment au dialogue et minent notre relation à petit feu. Alors on finit par lâcher, on ne fait plus d’effort, on ne met plus de filtre quand on se parle.

Fanny : Cette histoire de petite cuillère, on l’a toutes vécues. Avec le livre, on a essayé de désacraliser ces agacements, de faire un pas de côté avec humour. Parce que cette cuillère, elle est chez moi, elle est chez toi… L’idée c’est de comprendre ce qui agresse l’autre, et bien sûr d’en parler ensemble ensuite, pour trouver des compromis.

Justement, la communication fait aussi partie de ces petites choses qui se délitent avec le temps… Parfois, le dialogue se rompt – on finit par ne plus se parler – mais parfois aussi, on continue à se parler, mais mal… simplement parce qu’on “oublie” de mettre un minimum de formes.

Anne-Sophie : Alice, dans son enquête, découvre l’existence de différents langages de l’amour, issus d’un best seller sur le couple. Rien que ça, ça change beaucoup de choses. Prends une dispute : si tu cherches à comprendre comment l’autre fonctionne, quelles sont ses blessures, tu peux désamorcer pas mal de sujets et éviter de vraies grosses crises. Surtout que quand tu vis avec quelqu’un depuis longtemps, tu vois très bien le bouton rouge sur lequel il faut appuyer pour allumer le feu. C’est le risque, tu connais bien l’autre, tu sais qu’il y a des phrases, comme le fameux “On dirait ta mère” , qui vont déclencher la guerre. 

Mais à l’inverse, tu peux, au fond de toi, trouver ce qu’il faudrait dire pour calmer l’autre. Sauf que, pour des raisons d’égo ou d’énervement, tu ne vas pas calmer le jeu mais au contraire allumer le feu en appuyant sur le bouton rouge.

Zéro culpabilité : on le fait tous et toutes, mais savoir comprendre comment fonctionne l’autre, connaître son “code de la route”, c’est super utile. 

Fanny : Nous on n’est pas des spécialistes du couple mais notre idée, c’était de témoigner pour alléger et déculpabiliser tout le monde… En glanant au passage des tips qui vont aider. Pour nous, si vous refermez le livre en vous disant : “ah oui, ça il faut qu’on en parle”, ce sera gagné !

A lire !

Fuck, où est passé mon couple?!, d’Anne-Sophie et Fanny Lesage, Editions Solar.

A commander ici

Souvent, les livres sur le couple donnent toujours un peu les mêmes conseils. On a l’impression que pour sauver son couple, il faut rallumer le désir, offrir des fleurs, porter des nuisettes… Pour vous, qu’est-ce qui marche vraiment pour remettre son couple sur les rails ?

Anne-Sophie : Notre personnage, Alice, a l’habitude de partir toute seule dans ses délires mais cette fois-ci son mec Antoine lui rappelle que pour le couple, il faut être deux. C’est la base : on ne peut pas être seul.e à faire des efforts ! Pour se battre pour son couple, il faut être deux !

Moi, ce qui me semble important, c’est de trouver un moment pour se replonger à deux dans notre passé, dans notre histoire. Plus qu’une nuisette, plus que la Saint-Valentin, s’arrêter et prendre un moment ensemble pour regarder tout ce que l’on a traversé, tout ce que l’on a vécu, c’est un vrai cadeau à se faire à deux !

Et dans le quotidien, honnêtement, on ne le fait jamais : célébrer les petites victoires, revivre un peu à travers ces souvenirs… Dire aussi à l’autre, sous la forme que l’on veut (lettre, etc…) pourquoi on l’a choisi. Et pourquoi on reste !

Fanny : Regarder ce que l’on a construit ensemble, c’est important, mais je dirais aussi se mettre “en projet” à deux. Certains vont planifier des vacances un an à l’avance (ça permet de se projeter, d’anticiper, etc…), par exemple. Nous, on n’avait pas le temps, alors on s’est mis à courir à deux… C’est rien, c’est 40 minutes par semaine, mais c’est un temps qu’on n’avait pas avant pour nous deux. Et puis on partage des tips, des sujets de conversation. C’est assez simple à mettre en place mais en plus, ça aide vraiment !

Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.