Conflit de loyauté : ce que c'est, ce que ce n'est pas
Famille recomposée,  Heureux ensemble

Ce qu’est le conflit de loyauté… Et ce que ce n’est pas !

Les clés pour bien comprendre les ressorts et l’intensité du conflit de loyauté dans le cadre d’une famille recomposée.
Par Sarah, de La Douceur des Hérissons

Le conflit de loyauté, décrit par le psychiatre Ivan Boszormenyi-Nagy, désigne un tiraillement intérieur où un enfant ressent qu’aimer une personne pourrait être une trahison envers une autre.

Un véritable conflit interne

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas seulement une question de choix entre deux figures parentales, c’est un véritable conflit interne. L’enfant, face à des attachements perçus comme incompatibles, tente de trouver un équilibre émotionnel pour apaiser cette tension EN LUI. 

Dans ses travaux sur les loyautés invisibles, Boszormenyi Nagy explique que l’enfant a l’impression qu’il « doit » quelque chose à chacun de ses parents et que s’il s’attache trop à l’un, il risque de blesser l’autre. Ce dilemme peut exister même sans pression explicite des adultes : l’enfant se l’impose lui-même en captant des signaux subtils (ton de voix, silences, expressions) qui lui font comprendre qu’un attachement pourrait être mal perçu ou mettre à mal l’adulte ou le lien qu’il a avec l’adulte.

La psychologue Céline Giraud, qui a travaillé sur les dynamiques familiales, met en évidence que les enfants de parents séparés développent des stratégies d’adaptation inconscientes pour maintenir une harmonie perçue entre les différentes figures familiales.
Ces stratégies peuvent les amener à s’auto-censurer, osciller entre attachement et rejet, ou encore reformuler leur propre vécu pour ne pas créer de tensions.

Il est important de préciser que ce conflit ne se limite pas aux relations père-mère.
En famille recomposée, on le retrouve aussi :
– Entre un enfant et son beau-parent
– Entre frères et sœurs dans une fratrie recomposée

Sarah est thérapeute et conférencière, spécialisée dans l’accompagnement des belles-mères et des couples en famille recomposée.
Psychopraticienne, elle est formée à différentes approches comme l’hypnose, l’EFT, la cohérence cardiaque, ou encore l’accompagnement familial. Autant d’outils qui lui permettent de proposer des solutions adaptées aux familles recomposées, dont un programme et le Cercle Privé, la première application professionnelle de soutien et d’accompagnement pour les belles-mères.
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Un déchirement entre deux réalités affectives

L’enfant ne tente pas simplement de « choisir un camp ». Il cherche surtout à résoudre une contradiction en lui, un déchirement entre deux réalités affectives qu’il ressent comme opposées. Il peut ainsi :

  • Craindre que son affection soit mal vue ou blessante pour son autre parent. Il s’interdit alors d’apprécier sa belle-mère ou son beau-père, ou alterne entre proximité et rejet.
  • Ne pas savoir comment faire de la place à tout le monde : aimer une nouvelle figure familiale, c’est chambouler ses repères et devoir réajuster son monde intérieur. Malheureusement, l’inconscient collectif n’aide pas avec les histoires pour enfants, les films, les copains… Culturellement, il n’y a pas de place pour plusieurs figures parentales. 
  • Culpabiliser lorsqu’il compare son parent biologique et son beau-parent et qu’il préfère ce dernier sur certains aspects. Ce cas est souvent moins abordé, mais il est crucial. Un enfant peut admirer la patience de sa belle-mère, se sentir plus en confiance avec elle ou préférer sa manière d’interagir. Pourtant, exprimer cette préférence lui semble impossible, car cela reviendrait à reconnaître une « faille » chez son propre parent.

Le sentiment de sécurité intérieure fragilisé

Or, un enfant se construit en partie à travers l’image qu’il a de ses parents. Si l’un d’eux est perçu comme imparfait, inadéquat ou moins aimant que le beau-parent, cela peut fragiliser son propre sentiment de sécurité intérieure.

Pourquoi ? Parce que pendant longtemps, il ne se perçoit pas comme un être distinct de ses parents, mais comme une partie d’eux. Quand il est petit, il ne dit pas « ma mère et moi », mais « ma maman » comme si elle faisait partie de lui. Cette fusion affective est normale : elle structure son développement et sa confiance en lui.

Donc, se rendre compte qu’un autre adulte fait mieux que son propre parent sur certains points n’est pas seulement une comparaison extérieure. C’est une remise en question de son propre socle identitaire.

  • « Si mon père ou ma mère n’est pas parfait, qu’est-ce que cela dit de moi ? »
  • « Si je préfère ma belle-mère sur certains sujets, est-ce que cela veut dire que mon parent est moins bien ? Est-ce que ça veut dire que moi aussi, je vaux moins ? »

L’enfant peut alors entrer dans un conflit intérieur profond :

  • Soit il minimise ou occulte ces comparaisons pour protéger son estime de lui et préserver l’image idéale du parent.
  • Soit il les reconnaît mais ressent une culpabilité intense, qui peut le conduire à rejeter sa belle-mère pour « se rattraper » et maintenir son équilibre affectif.

Ce n’est donc pas seulement la peur de blesser un parent qui pousse l’enfant à se censurer, mais aussi la peur de fragiliser son propre sentiment de sécurité ! 

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Sarah est thérapeute et conférencière, spécialisée dans l’accompagnement des belles-mères et des couples en famille recomposée. Psychopraticienne, elle est formée à différentes approches comme l'hypnose, l'EFT, la cohérence cardiaque, ou encore l'accompagnement familial. Autant d’outils qui lui permettent de proposer des solutions adaptées aux familles recomposées, dont un programme et le Cercle Privé, la première application professionnelle de soutien et d’accompagnement pour les belles-mères.