Grandir avec des parents séparés : 5 conseils pour aider son enfant
Ca y est, la séparation est actée, vous reconstruisez chacun votre vie de votre côté. Mais qu’en est-il de votre ou de vos enfants ? Comment s’installent-ils dans leur nouvelle vie entre leurs deux parents et leurs deux maisons ? Car pour eux aussi, la séparation a été un séisme et l’après peut être chaotique. Comment les aider à prendre leurs marques ? A grandir sereinement, en leur évitant de faire les frais de la séparation ? Voici 5 postures à adopter pour les préserver au maximum quand on est parent séparé, conseillées par Maëlys Le Levreur, de @MyLittleCoaching.
“Une séparation, ce n’est pas juste deux parents qui vivent une période difficile”, prévient d’emblée Maëlys Le Levreur. “Une séparation, ça change tout, pour tout le monde et pour longtemps. Sauf que nous les adultes, nous avons des ressources à notre disposition : on écoute des podcasts, on lit des livres sur le sujet, on va voir des films, on en parle entre copines… Mais les enfants, ils ont quoi, eux ? A qui peuvent-ils parler du fait que leurs parents qu’ils adorent, sont divorcés et n’en finissent pas de se déchirer ? A qui dire leur maman qui pleure tous les soirs parce que papa est parti ? Bien souvent, la séparation, c’est encore plus dur à vivre pour eux !”
Comment alors alléger leurs difficultés ? Voici 5 comportements – pas toujours évidents pour les parents – qui les aideront à trouver leur équilibre dans leur nouvelle vie.
1- Faire preuve d’empathie
“Selon moi, c’est de l’empathie dont ces enfants ont le plus besoin”, indique la coach. “Parce qu’en tant que parent, il va falloir garder en tête que derrière chaque crise, quel qu’en soit le sujet, même le plus anodin, il y a autre chose : un vrai besoin à écouter.” Ce qui n’est pas toujours évident à entendre quand les crises mettent notre patience à rude épreuve. Même un parent très empathique peut alors avoir du mal à se mettre à la place de son enfant et à garder son calme et sa bienveillance…
“L’important, c’est qu’ils puissent parler, rappelle Maëlys Le Levreur. Françoise Dolto le disait : il faut que l’enfant puisse dire les choses. Et que quand il dit les choses, il soit écouté.
Quoi qu’il arrive au moment de la séparation, on doit rester le référent de son enfant. Cela signifie qu’il doit savoir qu’il peut tout nous dire. Et c’est loin d’être facile à vivre car c’est s’exposer, en tant que parent, à entendre des choses que l’on n’a vraiment pas envie de savoir !”
Ce que vous pouvez dire à votre enfant : “Quoi qu’il arrive, je suis là pour t’écouter et tu peux tout me dire. Peut-être qu’il y aura des choses qui ne seront pas agréables pour moi mais tu peux me les dire quand même.”
Maëlys Le Levreur est éducatrice de jeunes enfants, éducatrice Montessori et ancienne directrice de crèche. Elle est aujourd’hui coach et, avec @Mylittlecoaching, elle partage son expérience lors de conférences en entreprise mais aussi auprès de particuliers. Elle vient de publier son premier ouvrage aux éditions Jouvence : Vous êtes déjà le parent idéal – Mille et une astuces pour vous faire confiance.
2- Réaffirmer son statut de parent
“Dans la tête des enfants, leurs parents sont uniquement… des parents. Mais quand ils viennent à se séparer, les parents perdent en quelque sorte leur statut de parents. Alors quand ils rencontrent quelqu’un, l’enfant se rend compte que son parent est aussi un amoureux ou une amoureuse. Un homme ou une femme avec des sentiments (dont certains sont pour un autre ou une autre que lui).” Ce qui est très compliqué pour un enfant qui peut avoir l’impression de “perdre” un peu son parent.
Ce que vous pouvez dire à votre enfant : La solution pour Maëlys Le Levreur : “Réaffirmer ce statut de parent en le rassurant. Comment ? En lui disant : “je reste ton papa, et je t’aime tout le temps. L’histoire d’amour avec ta maman a pu se finir mais toi je t’aime et je t’aimerai quoi qu’il arrive. Et pas seulement du jeudi au dimanche une semaine sur deux ! Je t’aime tout le temps, même quand je ne suis pas avec toi”.
Je conseille également souvent aux parents séparés de prendre un temps, quand ils retrouvent leurs enfants, pour lui demander “comment s’est passée ta semaine ? Raconte-moi ce que tu as fait et qui t’a plu…”
Même si vous n’avez pas envie de l’entendre, cela montre à l’enfant qu’il a de l’importance… même quand vous ne le voyez pas ! Vous aussi, racontez-lui ce que vous faites. Vous avez le droit d’avoir une vie sympa sans lui et de le lui montrer.” Car ils peuvent facilement imaginer que leur parent se morfond quand ils ne sont pas là, leur donnant l’impression de l’abandonner ou de le trahir quand il n’est pas… une manifestation du conflit de loyauté, qui peut être très culpabilisant pour l’enfant.
3- Le laisser à sa place d’enfant
Cela vous semble évident ? Ça ne l’est pas tant que ça ! “Le problème, quand les parents se séparent, c’est que bien souvent tout leur amour va rejaillir sur l’enfant, prévient la coach. Ce qui est très bien sur le papier, mais qui met quand même sur les épaules des enfants un poids énorme, qu’ils ne devraient pas avoir à porter. S’ils sont notre “tout”, nos “rois-soleils”, comment vont-ils faire, eux, pour vivre leur vie quand au fond d’eux, ils pensent : “à quel moment vais-je pouvoir finir mes études, quitter la maison et prendre mon envol, si papa est tout triste à la maison ?””
Or les enfants ont vite fait de fantasmer la vie de leur parent sans eux, de les imaginer en train de se morfondre sans eux… Et il vont naturellement avoir tendance à vouloir protéger ou “réparer” le parent qu’ils sentent fragiles. Certains ados vont même jusqu’à prendre la place “d’homme de la maison” ou de “petite femme du foyer” pour consoler leur mère ou soulager leur père… Endossant, par la même occasion, des responsabilités qu’ils n’ont pas à assumer à leur âge… parce qu’ils n’en ont pas encore les épaules (on parle alors de “parentification”).
Ce que vous pouvez dire à votre enfant : “Oui je suis triste, on a vécu quelque chose de difficile mais je suis un.e adulte et je vais prendre soin de moi. Je vais aller voir des amis ou une psy, mais ce n’est pas à toi de t’occuper de moi, ta maman.”
4- Maintenir le cadre coûte que coûte
“Dans une séparation, celui qui part va souvent être la proie d’une culpabilité très forte qui peut l’amener à lâcher du lest sur certaines choses. Mais attention à ne pas lâcher sur l’essentiel !”, avertit la coach. “Car laisser faire, quelque part, c’est prendre un peu moins soin de son enfant. Donc en tant que parent séparé, il faut coûte que coûte essayer de garder le cadre, idéalement le même qu’avant, pour que l’enfant s’y retrouve. Le risque, sinon ? Qu’il perde beaucoup de repères ! Et que plus tard, si vous ne lui fixez plus de limites, il aille les chercher ailleurs, plus loin. Et qu’il finisse par se mettre en danger. Aimer son enfant, c’est lui mettre des limites.” Et non pas tout lui passer, pour adoucir sa vie d’enfant de parent séparé.
Ce que vous pouvez dire à votre enfant : “Oui, tu as le droit de trouver que je suis une maman nulle parce que je ne te laisse pas jouer à la console 8 heures d’affilée. Mais je le fais parce que je t’aime. Justement parce que je t’aime.”
5- Ne jamais critiquer l’autre parent
Votre objectif : tenter d’éviter de mettre votre enfant en porte à faux et de limiter le conflit de loyauté qu’il pourrait connaître intérieurement. “Pour n’importe quel enfant, entendre critiquer son parent est détestable, insupportable”, prévient la coach. “Pour lui, son parent, même s’il a fait n’importe quelle horreur, reste son parent.”
C’est une posture qui est difficile à tenir en cas de séparation houleuse car l’enfant peut faire état de critiques, de mensonges, d’insultes. Comment réagir sans critiquer à son tour (ce qui est parfois très tentant). “Je conseille d’être patient et d’essayer de faire prendre conscience à l’enfant qu’il n’est pas obligé de penser comme le parent qui dit des méchancetés.”
Ce que vous pouvez dire à votre enfant : Il vous rapporte des mensonges ou des insultes que lui a dit l’autre parent ? “Vous pouvez renvoyer sous forme de question : “Maman a dit ça… Mais toi, que penses-tu de tout ça ?” Pour lui faire prendre conscience au fur et à mesure qu’il peut avoir son propre jugement. Mais surtout ne pas craquer en se mettant à critiquer celui ou celle qui nous critique, nous !”
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