Pourquoi je ne suis pas à l'aise avec l'expression Bonus Mom
Famille recomposée,  The Belle-mère diary

Pourquoi je ne suis pas très à l’aise avec l’expression “bonus mom”

The Belle-Mère Diary – Elle est plutôt à la mode cette expression anglo-saxonne plus positive et volontariste que notre bon vieux “belle-mère”. Sauf que pour moi, rien à faire, ce “bonus mom” coince aussi.

Alors ok, je suis d’accord avec vous, le mot “belle-mère” est une catastrophe pour nous, les “femmes de l’après”, les deuxièmes (au moins), celles avec qui on recompose et avec qui les gamins vont vivre (au moins de temps en temps) et grandir. 

Belle-mère, belle-doche, marâtre…

Déjà parce qu’on nous confond avec la mère de notre homme (et souvent, avouons-le, on ne préférerait pas jouer dans la même cour que belle-maman). 

Ensuite parce que ce “belle” accolé à ce “mère” qui arrive d’un coup d’on-ne-sait-où, donne quelque chose de louche, de pas franc, de trop “beau pour être vrai” en quelque sorte. 

Demandez à un enfant à qui son père vient d’annoncer qu’il a rencontré une femme formidable… Combien vous pariez qu’il ne va pas la trouver particulièrement “belle”, et qu’il aura très peu envie de lui coller une étiquette avec le mot “mère” dedans ?

Je passerai assez vite sur son dérivé ô combien savoureux, la belle-doche, dont la musicalité est si douce à nos oreilles (notons l’effort tout de même : les rimes en -oche ne courent pas les rues). Et je ne m’attarderai pas non plus sur le fameux “marâtre”, mot horrible s’il en est, même s’il est un peu réhabilité depuis qu’il est porté en étendard par toutes celles qui veulent faire connaître et défendre la cause des belles-mères.

De la StepMom à la BonusMom

En résumé, on n’est pas franchement aidées et l’idée d’aller chercher Outre-Atlantique une alternative est plutôt maline. 

Car chez les anglophones, déjà, la StepMom a l’avantage d’avoir un mot à elle, qui la distingue très vite de la Mother-in-law de la génération du dessus. Mais ils ont également popularisé l’usage de l’expression BonusMom, qui n’y va pas par quatre chemins pour annoncer qu’avoir une belle-mère, c’est avant tout du plus ! Un cadeau, un bonus, un petit jouet surprise caché au fond du paquet de lessive (désolée, je n’arrive pas à me sortir cette comparaison de la tête, les belles-mères qui ont passé la quarantaine auront la ref) qui me met, moi, un peu mal à l’aise.

1- Comme dans “belle-mère”, il y a toujours “mom” dedans. 

Ca met quand même beaucoup de pression, non, ces expressions qui nous font rentrer direct dans la catégorie maternelle, sans passer par la case “grossesse, accouchement, petite enfance” , non ? Et si la “belle-” n’a pas envie d’être affublée de “mère”, si elle ne veut pas jouer le rôle de mère ? Il y a plein de façons d’exister – et même de compter – dans la vie d’un enfant. Etre un soutien, une personne de confiance, un mentor, un adulte de référence, une confidente, une conseillère, une chief happiness officer, une consolante, une fournisseuse officielle de soins, de blagues, de sourires, voire de câlins… Pourquoi enfermer tout ça derrière le mot “mère” ?

2- Ce mot “mom” nous met quelque part aussi en rivalité avec la vraie “mom”

Celle qui a porté, enfanté, nourri… Moi, je n’ai pas envie de me situer au même niveau que la mère de mes beaux-enfants, qui est suffisamment mère comme ça, et qui n’a pas besoin d’avoir pour ses enfants une mère en plus dans l’équation, fut-elle “bonus” !  Et clairement en tant que mère très maternelle moi-même, je n’aimerais pas que la belle-mère de mes enfants s’y aventure non plus. S’il faut tout un village pour élever un enfant, il y a largement de la place pour chacune des femmes qui gravitent autour dudit enfant, pour ne pas qu’on joue toute la partition de la maternité. Un adulte “bonus” me conviendrait déjà mieux (avec tout le côté impersonnel de la chose, ok !)… Quoique, non ! Si je suis parfaitement honnête, je vous dirais que le côté “bonus” me gêne un peu aussi dans les coins. 

3- Bonus, vraiment ?

Parce que ce choix de mot est tellement positif que ça peut être franchement envahissant pour l’enfant : lui qui n’a rien demandé, a-t-il vraiment envie qu’on lui impose ce bonus ? La femme de son père doit plus souvent lui apparaître comme un bonus de contraintes… Avec ses règles bonus, ses lubies bonus, ses enfants bonus parfois, et globalement sa présence bonus qui l’empêche bien souvent de profiter de son père autant qu’il le voudrait.

Et nous, on a vraiment envie de débarquer avec cette étiquette digne d’un paquet cadeau ? Avec l’injonction subtile D’ETRE un cadeau pour l’enfant (et accessoirement son père) et tout ce que ça comporte ?

4- C’est une sacrée pression !

Si on pousse l’image jusqu’au bout, je me dis que ce côté “bonus” doit s’avérer super difficile pour les belles-mères qui galèrent. Qui n’arrivent pas à créer du lien ou à nourrir de l’affection pour ces “bonus-kids” qu’elles n’ont pas forcément voulus…

Pour toutes celles qui sont accueillies et respectées comme telles, et qui veulent assurer ce rôle, le mot “bonus-mom” est juste parfait. Mais pour toutes les autres, il me semble qu’il vient remettre une couche bien épaisse de culpabilité sur leur mal-être… 

Résultat ? J’ai décidé de l’utiliser plutôt avec parcimonie (et en terrain connu) pour ne pas jeter du sel sur les plaies de ces femmes qui avant même de se chercher un nom, n’ont toujours pas trouvé leur place.

Et vous, vous en pensez quoi ? N’hésitez pas à nous faire part de vos réactions ! Ecrivez-nous à contact (at) lesnichees.com

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Rédactrice depuis presque 20 ans, Coralie s'est spécialisée dans les sujets lifestyle et tout ce qui touche la famille (société, psychologie, éducation, développement de l'enfant, bien-être...). Mère et belle-mère, elle chronique régulièrement sur Les Nichées ses coups de coeur et sa vie en famille recomposée.