Belle-mère : ces raisons qui font qu’on ne se sent plus chez soi
Déménager dans une maison plus grande ? Instaurer une “no kid zone” quand les enfants sont là ? Faire en sorte que chacun ait une chambre ? Les familles recomposées cherchent parfois à pousser les murs de leur logement pour éviter de se sentir mal ou “de trop” quand toute la tribu est réunie. Mais le malaise – je ne me sens plus chez moi ! – ne peut pas se résumer à une histoire de mètres carrés… car notre sensation d’envahissement vient parfois d’ailleurs. Tour d’horizon de ce qui met les beaux-parents sous tension quand les enfants sont là.
Avec l’aide d’Emmanuelle Drouet, psychologue
1 – L’envahissement physique par les enfants
Les enfants qui n’ont pas vu leur parent depuis une semaine ou plus, vont surtout avoir envie de passer du temps avec lui… parfois très proche de lui. “Sa fille est un vrai pot de colle quand elle rentre” , “Son fils a zéro autonomie, son père doit tout faire avec lui !“ entend-on parfois… C’est agaçant ? Sans doute, mais c’est surtout normal car les enfants qui vivent entre deux foyers ont envie de profiter de leur parent. Ils veulent conjurer la séparation à venir et vont effectivement faire leur possible pour ne pas jouer seuls dans la jolie chambre qu’on leur a préparée mais pour “rester dans les jambes” de leur maman ou de leur papa.
2 – L’envahissement visuel par le désordre
Les plus âgés seront peut-être moins collants, mais les adolescents savent très bien rappeler leur présence en laissant traîner derrière eux leurs sacs, affaires et vêtements sales un peu partout. Même si c’est naturel – ils ont besoin à cet âge-là de s’approprier l’espace en marquant leur territoire – cela peut être agaçant pour les adultes qui voient le bazar s’amonceler aux quatre coins de la maison, jusqu’à ne plus se sentir bien dans les lieux ainsi envahis visuellement.
En savoir plus
Emmanuelle DROUET (@peripepsy sur instagram) est psychologue clinicienne depuis 20 ans. Maman et belle-mère, elle vit à Vincennes en famille recomposée.
En parallèle, elle écrit des romans dont le dernier, L’écho des souffrances silencieuses vient de paraître aux éditions Jouvence.
3 – Le changement de rythme (autour des enfants)
Quand les enfants sont là, on se retrouve vite à vivre à leur rythme. C’est compliqué, notamment pour les beaux-parents qui n’ont pas eu d’enfants de leur côté, car cela peut s’apparenter à une vraie perte de contrôle. C’est notamment le cas quand l’enfant est tout petit et que l’on doit vivre au rythme de ses siestes, de ses horaires des repas… Ou plus grand, au rythme de ses cours, de ses activités extra-scolaires ou de ses sorties avec les copains… Pas évident de voir ses habitudes voler en éclat une semaine sur deux et la moitié de nos sacro-saintes vacances !
4 – L’envahissement sonore
Notamment pour les couples qui vivent en tête-à-tête une semaine sur deux, l’arrivée des enfants se traduit par une explosion du nombre de décibels. Surtout si, les quasi et demi frères et sœurs ne s’étant pas vus depuis plusieurs jours, l’atmosphère est à l’excitation des retrouvailles. Et ce n’est pas complètement anecdotique car le niveau sonore, aussi, contribue au fait de ne pas se sentir chez soi. Passer d’un coup d’un environnement plutôt calme à ambiance bruyante et agitée, c’est un réel envahissement sonore !
Pourquoi c’est encore plus dur pour les beaux-parents qui n’ont pas encore d’enfant ?
Les beaux-parents qui ne sont pas parents eux-mêmes n’ont pas bénéficié de “l’acclimatation” graduelle que connaissent les parents depuis la naissance de leur enfant. Ils découvrent d’un coup, sans préparation peut-on dire, un rythme de vie totalement différent, bien souvent dicté par un enfant qu’ils n’ont pas choisi (on peut choisir un amoureux ou une amoureuse en sachant qu’il ou elle a déjà des enfants, cela ne signifie pas pour autant que l’on “choisit” ou que l’on “sait” de ce que sera la vie avec sa progéniture). Cela peut donner au beau-parent l’impression de subir une situation qui lui est imposée et à laquelle il n’a pas vraiment eu l’occasion de se préparer. Au parent, dans ce cas, de veiller à ce qu’il ne se sente pas rejeté ou invisible en présence des enfants. C’est malheureusement dans le couple une source fréquente d’incompréhension et de rupture.