Je ne veux plus tomber amoureuse et autres croyances sur l'amour
Parent séparé

“Je ne veux plus tomber amoureuse” et autres croyances sur l’amour à surmonter après une séparation

Un divorce ou une séparation est une épreuve qui laisse des traces. Parce qu’on a cru à cette histoire d’amour, parce qu’on a fait des enfants ensemble et parce que cela n’a pas marché, on peut avoir peur de se relancer dans une autre histoire. A tort ? A raison ? La psychopraticienne Géraldyne Prévot-Gigant, auteure entre autres de « Les Femmes et l’amour« , revient sur ces croyances qui nous empêchent parfois de rencontrer quelqu’un et de vivre une nouvelle belle histoire.

“Je ne veux plus tomber amoureuse”

Le décryptage de Géraldyne Prévot Gigant : « Cette volonté d’être seule révèle que quelque chose est encore vif ou n’est pas encore tout à fait guéri dans cet après-séparation, je l’entends régulièrement en cabinet. C’est en général que le deuil de l’ancienne relation n’est pas fait, que tout n’est pas digéré. Il y a encore de la colère, de la lassitude. Souvent, je l’observe chez des femmes qui se sont fatiguées à essayer de sauver leur relation précédente, qui se sont hyperadaptées et qui en ont tout simplement marre.

C’est à la fois bon qu’elles l’expriment, cette envie de rester seule, c’est une affirmation qui les tire vers le haut. C’est “antidépressif” si je puis dire. C’est combatif.  Mais en même temps, si on creuse, on peut trouver des raisons plus profondes, conscientes ou non. La première d’entre elles, c’est qu’elles ont souvent « beaucoup donné » dans leur.s relation.s précédente.s et qu’elles ne veulent plus donner autant ! Elles sont heureuses de pouvoir se dire qu’elles vont pouvoir vivre pour elles, à leur rythme et se concentrer sur leurs besoins. C’est également une façon pour elles de se protéger et de reconstruire ce qui a été abîmé, usé à l’intérieur.

De nombreuses mères séparées partagent cette impression qu’elles ont beaucoup répondu aux besoins de leurs enfants, de la famille, de leur mari… et qu’elles se sont oubliées. Souvent, elles se sont épuisées, car il y a une forme d’endurance chez les femmes à vouloir sauver la relation. Dans le temps de célibat qui suit la séparation, elles sont heureuses de se retrouver… et elles peuvent naturellement se dire : “Plus jamais!” 

Pour certaines, ce sera peut-être vraiment le cas. D’autres, le temps passant, peuvent se faire surprendre par une rencontre. Une belle rencontre peut tout changer… A condition de ne pas s’être laissée enfermer dans la certitude de ne plus avoir droit à l’amour. Et donc de ne pas fuir, même inconsciemment, une nouvelle rencontre.

“J’ai déjà vécu ma grande histoire d’amour… c’est fini tout ça maintenant”

Le décryptage de Géraldyne Prévot-Gigant : Cette croyance découle directement du fait qu’on a trop idéalisé l’amour ! Depuis que l’on est toute petite, la société nous raconte qu’on a une grande histoire d’amour dans notre vie. Et qu’elle a intérêt à arriver jeune, parce qu’après, c’est foutu !

La réalité, c’est qu’on peut bien entendu avoir plusieurs belles histoires d’amour, des histoires qui comptent, qui ne seront pas des feux de paille. Est-ce qu’elles se ressembleront ? Non, pas forcément parce qu’au fond de nous, on n’est pas tout à fait la même qu’avant. Notre grand amour rencontré entre 20 et 30 ans, on ne le choisirait plus après 40 ou 50 ans ! Tout change : on va certainement être attirées par d’autres profils, d’autres personnalités, qui vont entrer en résonance avec nos valeurs et priorités du moment… C’est la raison pour laquelle on peut vivre différents grands amours, à différents moments de notre vie (sans forcément répéter nos histoires, nos échecs).  J’en suis convaincue : le meilleur selon moi est toujours à venir !

Autre croyance délétère à laquelle il faut tordre le cou : il n’y a pas forcément besoin d’être jeune, belle, au top pour mériter le grand amour ! C’est une question de rencontre au cours de notre chemin de vie. L’histoire de l’âge, le fait d’avoir eu des enfants, cela peut être une pression supplémentaire que l’on sent peser sur les rencontres. Mais il faut changer de regard : ça ne signifie pas du tout que tout est derrière nous, que tout est fini !

A lire sur le sujet

Géraldyne Prévot Gigant est psychopraticienne, conférencière et auteure. Elle a à son actif de nombreux livres pour sur les relations et l’amour. Elle a publié à l’automne dernier « Les femmes et l’amour, comment bien vivre l’amour à l’heure du dating, du ghosting et du zapping« , aux Editions Eyrolles. Un livre riche en conseils sur la quête de l’amour à l’ère du numérique.


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“Les hommes ne veulent pas d’une femme qui a déjà des enfants”

Le décryptage de Géraldyne Prévot-Gigant : Je pense que ce n’est pas toujours le cas, même si c’est bien vrai pour certains types d’hommes. D’où tout l’enjeu et la difficulté, quand on fait une nouvelle rencontre est de ce fait de comprendre qui est cet homme et ce qu’il attend de la relation.

Car il y a effectivement des hommes qui risquent d’avoir ce type de réaction – ils vont fuir tôt ou tard – quand d’autres seront très ouverts ! En fait, le problème est que, malheureusement, persiste en 2024 dans les esprits une séparation entre les femmes… et les mères. Ces dernières, aussi belles, intelligentes, désirables soient-elles, seront toujours considérées comme des mères, une fois qu’elles ont eu un enfant. Cela influence forcément certains profils masculins, qui ont une certaine image de la virilité, de leur place dans la société et de ce qu’ils attendent des femmes. 

Voilà pourquoi certaines mères se sentent définitivement mises de côté, et reléguées arbitrairement sur le banc de touche. Certaines ont fait les frais de ces hommes qui ne veulent pas s’investir avec une femme avec des enfants, d’autres ont entendu de telles histoires de leurs copines… Résultat ? Certaines peuvent s’appuyer sur ces récits douloureux pour alimenter la croyance qu’elles ne peuvent plus rencontrer quelqu’un de bien et vivre une belle histoire d’amour. Et bien souvent, ce sont ces croyances internes, plus qu’une réalité qui leur fait craindre ne plus avoir la possibilité de retrouver quelqu’un avec qui partager leur vie. 

Car il y a aussi des hommes qui – parce qu’ils ont eu une vie avant, qu’ils ont eu des enfants eux-mêmes ou parce qu’ils sont naturellement davantage dans l’altérité – sont prêts à rencontrer et à s’engager auprès d’une femme avec des enfants. Donc non, le fait d’avoir des enfants n’empêche pas systématiquement de rencontrer un homme avec qui construire une relation stable. Toute la difficulté est d’arriver à rencontrer quelqu’un dont les attentes et les envies sont compatibles avec nos propres attentes et envies.

“Je ne veux pas échouer à nouveau”

Le décryptage de Géraldyne Prévot Gigant : La perte de confiance et la déception que traversent bien des femmes après une séparation sont dues, selon moi, aux histoires que la société raconte au sujet de l’amour. Pour le dire autrement, leur grande déception est directement liée aux grands espoirs qu’elles ont eus au départ : la rencontre, l’homme de leur vie, le mariage, les enfants, l’amour et la vie à deux qui durent toujours.

La conséquence ? Elles ont des attentes fortes quant à l’amour, mais des attentes où se mélangent à la fois la véritable rencontre, la véritable histoire qu’elles vivent, et toutes les injonctions sociétales, les contes de fée, les rêves de petite fille. On nous a tant répété à nous, les femmes, que la réussite sociale, c’est être en couple, c’est se marier, c’est avoir des enfants… qu’on s’est persuadées que c’est là et uniquement là que se trouve le bonheur ! 

Alors forcément, quand le couple et la famille se cassent la figure, tout s’effondre ! Ce que ces femmes en concluent ? Qu’elles ont échoué ! Le champ lexical des femmes que je reçois en consultation après une séparation est très significatif : elles parlent d’échec, que ce soit pour une histoire longue ou pour des relations plus courtes. Le fait de mentionner que c’est un échec signifie quelque part que la réussite, pour elles, c’est rester ensemble. Que le bonheur se trouve forcément là, dans ce couple qui dure, coûte que coûte. 

Alors qu’en fait, si on a dès le départ une autre vision de l’histoire d’amour, si on se dit que la vie est faite de rencontres qui durent très longtemps ou parfois bien moins longtemps, qu’elles ont toutes un début, un milieu et parfois une fin… il n’est plus question d’échec, par opposition à la réussite du couple qui dure. Cela change tout ! Cela signifie qu’il peut y avoir des histoires de différents formats, que la vie est faite de cycles de rencontres et que par conséquent, il n’y a pas d’échec ! Qu’une séparation n’est que la dernière étape d’une histoire que l’on a vécue jusqu’au bout et qu’on ne pouvait pas porter plus loin.

Si l’on adopte cette perception, on ne ressentira pas la même déception. On pourra se dire : “j’ai beaucoup aimé cette personne. J’ai été très heureuse avec elle, puis beaucoup moins heureuse voire très malheureuse, mais j’ai parcouru toutes les phases possibles de cette relation avec cet homme. On a vécu tout ce que nous avions à vivre : le mariage, les enfants, les projets. Mais nous sommes arrivés au bout du cycle et s’offre à moi un nouveau cycle, maintenant.” 

C’est une perspective plus porteuse et globalement positive. Il est alors plus facile d’imaginer une autre rencontre, une autre histoire… Et plus le banc de touche dont on parlait plus haut. En termes d’estime de soi, c’est beaucoup moins dégradant ! C’est un autre regard que nous pourrons porter alors sur notre relation, mais aussi sur nous dans cette relation. Cela signifie aussi que nous pourrons nous lier à d’autres profils, que nous aurons appris de nos expériences précédentes, que nos partenaires futurs pourront ne pas ressembler du tout aux anciens. Pourquoi l’histoire se répèterait-elle ? Avec cette relation et cette séparation, on a expérimenté, on a appris et on a grandi. En un mot, on a changé !

Bien sûr, cela peut sembler difficile quand on a l’impression que la grande histoire d’amour de notre vie est terminée et que tout s’effondre. Mais il ne s’agit pas de minimiser cette grande histoire dont nous avons de magnifiques enfants ! Nous savons que cela restera un moment important de notre vie. Mais en même temps, cela permet d’écouter cette voix qui nous dit que ce ne sera justement QU’UN épisode de notre vie.

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Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.