Témoignages

J’ai renoué avec mes beaux-enfants, des années après mon divorce

Vous vous êtes déjà demandé ce que les liens que vous tissez avec vos beaux-enfants deviendront quand ils seront plus grands ? S’ils résisteraient à la séparation de votre couple ? Si vos enfants respectifs resteraient en contact ? Christophe, lui, avait rêvé d’une « belle et grande famille recomposée« . A la fois, père et beau-père, s’était beaucoup investi auprès de ses beaux-enfants. La séparation les a éloignés mais pour sa plus grande joie, la vie les a à nouveau rapprochés… Il raconte.

« J’ai rencontré Marie, mon ex-épouse, il y a 17 ans maintenant. Elle était divorcée avec deux jeunes enfants, Eve, 4 ans et Samuel, 7 ans à l’époque. De mon côté, j’étais en pleine séparation avec une petite fille de 3 ans, Adèle. Avec Marie, nous nous sommes tout de suite trouvés, nous avions la même conception de l’amour et nous avions tous deux en tête de créer une belle famille, même recomposée. Nous nous sommes lancés dans l’aventure avec la même idée : « tes enfants sont mes enfants, mes enfants sont tes enfants ». Une très belle idée, même si avec l’expérience passée, je sais aujourd’hui que c’est difficile.

« J’ai essayé d’être plus qu’un beau-père »

Mais nous avons avancé ainsi. Mes beaux-enfants ne voyaient plus leur père alors j’ai essayé d’être plus qu’un beau-père pour eux… Cela a d’ailleurs peut-être été une erreur avec eux, ce souhait de vouloir être « plus ». Mais sur le moment, je faisais ce qui me semblait juste : donner autant à ses enfants qu’à ma fille. Cela n’a pas été évident, mais j’apprenais aussi d’eux. Un peu comme on apprend à être parent au contact de nos enfants, j’ai peu à peu appris à être beau-père. Mais bien sûr, on n’est pas le même père ou beau-père quand ils ont un an, 5 ans ou 15 ans. 

Au fil du temps, nous avons alterné le bon et le moins bon. Nous avions gardé chacun nos maisons au début, j’avais ma fille en garde alternée, Marie avait ses enfants à temps plein. On naviguait entre les deux maisons mais, je m’investissais complètement. J’ai accompagné tous les enfants en voyage scolaire, j’ai fait les rendez-vous à l’école pour tous, j’emmenais ses enfants aux sports d’hiver quand Marie travaillait… J’ai vraiment essayé de construire une famille.

Des rapports de plus en plus tendus, jusqu’au divorce

Mais cela a été particulièrement difficile avec son fils, l’aîné des trois enfants. Il était très perturbé par la situation familiale. C’était un petit garçon nerveux et cela n’a pas été simple avec ma fille. Et puis à l’adolescence, les rapports sont devenus encore plus tendus voire violents. Cela a beaucoup perturbé notre couple. Et nous avons fini par divorcer.

Malgré la séparation, nous avons réussi à garder un lien avec Marie. Mais au moment de la rupture, j’ai perdu tout contact avec ses enfants. Cela a été très dur. Je leur envoyais des messages mais je n’avais aucun retour. Mais petit à petit, nous avons repris contact avec sa fille. J’ai déménagé en Bretagne entre temps et j’ai appris qu’elle devait y travailler cet été… C’est comme ça qu’elle est venue me retrouver pour passer les mois d’été chez moi cette année. Ma fille nous a même rejoints et je me suis retrouvé ainsi, avec bonheur, avec mes deux filles à la maison, quatre ans après le divorce !

« Avoir ces 3 enfants dans ma vie m’a aidé à me construire »

Samuel, ça prendra du temps, je le sais. Mais une première étape a été franchie ce printemps quand j’ai perdu mon père. Marie m’a appelé pour me dire qu’il souhaitait venir aux obsèques. Quand je l’ai vu, je l’ai pris dans mes bras, naturellement, comme un père. Ça m’a beaucoup apaisé. Malgré la tristesse de perdre mon père, ça m’a fait du bien de retrouver un peu de ma famille. Avec lui, je sais qu’il faudra encore du temps, mais qu’on se retrouvera. 

Même si notre couple a manqué de certaines choses, j’ai aujourd’hui l’impression que nos efforts pour créer des liens familiaux ont quand même payé : les enfants sont toujours en contact, les filles parlent d’elles comme des soeurs. On a au moins réussi ça ! 

Personnellement, avoir ces trois enfants dans ma vie m’a aidé à me construire. Aimer les enfants des autres n’est pas facile. Mais je persiste à penser qu’on peut les aimer. Ça demande des efforts mais ça permet de grandir ensemble, y compris pour nous, adultes. Et pour les enfants, avoir été aimés, cela reste pour moi le meilleur terreau pour se construire. » 

Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.