Favoriser l'entente entre les enfants de la famille recomposée
Famille recomposée,  Heureux ensemble

Comment favoriser une bonne entente au sein d’une fratrie recomposée ?

Les relations entre les enfants des familles recomposées sont rarement de tout repos, pour eux, comme pour leurs parents. Surtout au début de la vie en commun. Si les disputes sont normales et inévitables, nous rêvons tous qu’en naisse une fratrie unie, complice et joyeuse. Que faire pour encourager de bonnes relations entre les enfants ? Elena Goutard, coach parentale et auteure de « Mon P’tit Cahier Frères et soeurs » nous donne ses conseils pour donner un coup de pouce à la nouvelle fratrie.

Les Nichées : Comment peut-on encourager la naissance d’une vraie complicité ?
Elena Goutard :
La complicité est difficile quand les enfants se voient comme des adversaires ou des ennemis. C’est malheureusement souvent le cas dans les familles recomposées, du moins au début où les enfants se voient souvent imposer une vie qu’ils n’ont pas demandée. Du jour au lendemain, ils se retrouvent sous le même toit sans vraiment se connaître, ni savoir comment se comporter les uns avec les autres. Ils vont alors s’observer, essayer de s’éviter, rester sur leurs gardes, c’est normal. Petit à petit, au fil des jours et des occasions qu’offre la vie
ensemble, ils se rapprocheront et apprendront progressivement à se connaître et à s’apprécier.
Pour les aider dans ce sens, on favorisera des jeux et des activités qui permettent de s’amuser ensemble et de nourrir le lien. En effet, chaque fois que les enfants passent un bon moment ensemble, leur cerveau sécrète les hormones du bien-être et de l’attachement comme les endorphines, la sérotonine et l’ocytocine qui vont nourrir la relation et laisser des souvenirs communs. Des activités à l’extérieur et des jeux de société où les enfants affrontent les parents seront l’occasion pour les enfants de s’unir et de faire équipe. On tente également des projets communs comme planter un potager, organiser l’animation d’un anniversaire ou construire un abri pour oiseaux qui permettra aux enfants d’avoir un but en commun. S’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le choix d’activités, il est possible de leur proposer de tirer au sort ou d’alterner les tours. L’essentiel est que chacun y trouve son compte et que personne ne se sente lésé.

Coach parental et familial, Elena Goutard est également maman de 4 garçons âgés de 6 à 15 ans. Elle est aussi l’autrice de guides aux éditions Solar, dont « Mon P’tit cahier Nouvelle tribu » et « Mon P’tit Cahier Frères et soeurs« , avec la collaboration d’Elodie Gossuin.

Son site : https://www.elena-goutard.com/

Les Nichées : Peut-on aider les enfants à s’apprécier ?
Elena Goutard :
Dans certaines familles, les affinités entre les enfants apparaissent rapidement et le lien se crée naturellement : deux tempéraments qui s’accordent bien, des âges rapprochés qui permettent de partager les mêmes jeux et activités. Quand l’entente se fait attendre, il ne faut pas hésiter à créer des occasions un peu spéciales pour permettre aux enfants de passer plus de bons moments ensemble. Il peut s’agir de rituels que tout le monde apprécie comme le traditionnel combo pizza-film du samedi soir ou une après-midi de jeux de société. Des sorties ou des vacances en famille permettent aussi de se retrouver sur un terrain neutre loin des contraintes du quotidien : on prend du bon temps ensemble, on parle de sujets nouveaux qui sortent de l’ordinaire, on fait des activités passionnantes et variées qui aident à mieux se connaître et à se découvrir autrement. Il est également possible de proposer de temps en temps aux grands de s’occuper des plus jeunes, en leur proposant pourquoi pas une petite récompense pour valoriser leurs efforts.

Les Nichées : Quelles sont les erreurs à ne pas commettre ?
Elena Goutard :
Il est conseillé avant tout de ne pas comparer les enfants entre eux ou de valoriser l’un au profit de l’autre, pour ne pas alimenter le sentiment de jalousie : « Léa est toujours à l’heure dans ses devoirs, tu devrais prendre exemple sur elle ». On fera également attention à ses propres attitudes à l’égard des enfants. Il n’est pas rare en effet qu’on se montre plus indulgent et protecteur avec ses propres enfants ou au contraire avec ceux de son conjoint.
Lorsqu’un parent prend le parti d’un enfant dans un conflit, cela peut être vécu par les autres comme une marque de favoritisme et augmenter l’hostilité. On évitera également de pousser les enfants à tout faire ensemble. Si l’un des enfants ne souhaite pas jouer avec l’autre, on le respecte. Il peut être judicieux, dans ce cas-là, d’expliquer à l’enfant en demande qu’il ne s’agit pas d’un rejet mais d’un besoin chez son frère ou sa sœur de jouer à un jeu différent ou de se retrouver un peu seul.
Et enfin, si on peut exiger des enfants de se traiter avec respect, il est impossible, voire contre-productif, de les obliger à s’aimer. Là encore, on prend son mal en patience et on respecte le rythme des enfants. Si l’un des enfants est plus en demande de contact que l’autre (ou les autres), on tente de répondre à son besoin autrement, en lui proposant par exemple de faire un peu ou une activité avec le parent ou le beau-parent (cuisiner, jardiner, faire du bricolage, etc.).
Accueillir et valider les émotions d’un enfant déçu ou en manque d’attention fraternelle aidera
celui-ci à mieux vivre la situation, en lui glissant par exemple « C’est difficile de se sentir parfois seul, n’est-ce pas ? »

Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.