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Famille recomposée,  Heureux ensemble

Famille recomposée : quel est l’âge idéal auquel les enfants s’adaptent plus facilement ?

Avec des tout petits, c’est facile, avec des ados, c’est chaud ? Derrière l’idée reçue se cache une part de vérité : les enfants ont plus ou moins de facilité à s’adapter à la vie en famille recomposée en fonction de leur âge. Mais le nombre de bougies ne fait pas tout. Explications et conseils pour adoucir les choses, âge par âge.

Les petits enfants (0-5 ans) et la famille recomposée

Le petit enfant a une compréhension limitée des dynamiques familiales et il s’adapte généralement relativement bien aux nouvelles configurations de vie. Par exemple, il semble en général bien tolérer la vie entre deux maisons. Son attachement se base principalement sur les soins reçus, ce qui facilite l’acceptation d’un beau-parent présent et attentif qui arriverait dans sa vie. 

Mais l’adaptabilité des très jeunes enfants ne doit pas masquer des ressentis parfois difficiles et pas toujours bien exprimés. Parmi eux : le ressenti du temps et de l’absence de l’autre parent. Ils peuvent vraiment en souffrir et le manifester fortement. Ils peuvent également éprouver de la confusion face aux changements (rythme de garde, déménagement, etc…). Par exemple, ils peuvent mettre du temps à comprendre le côté définitif de la séparation de ses parents et espérer longtemps que la famille se ressoude. Il n’est pas rare que des petits posent encore et encore les mêmes questions sur le retour “à la vie d’avant”… Ce qui peut être difficile pour les adultes, qu’ils soient parent ou beau-parent.

Enfin, les enfants de cet âge sont naturellement “égocentriques”. Dans le sens où ils ont tendance à relier tout ce qu’ils voient à eux, à ce qu’ils font, à ce qu’ils vivent. Ils peuvent ainsi s’imaginer être la cause de la séparation de leurs parents, de la souffrance de leur maman ou papa, ou encore des difficultés que pourra rencontrer la toute jeune famille recomposée. Il est dont très important de les rassurer au maximum, très régulièrement.

Ce qui peut aider les enfants à cet âge : une très grande attention à leur bien-être, à leurs questions. Il faut parfois faire preuve d’une grande patience pour répondre encore et toujours à leurs questions… Mais dites-vous bien qu’ils ont juste besoin de plus de temps pour comprendre et intégrer les nouveautés qui impactent leur très jeune existence.

Mettre en place de nouveaux rituels dans la famille recomposée, assurer un maximum de continuité entre les deux maisons, et l’aider à pouvoir anticiper les changements à venir (avec le fameux calendrier sur le frigo qui dit, par exemple, qu’il reste deux jours avec papa mais que dans deux dodos, il retrouvera maman)

Si vous êtes parent et que votre ex-conjoint.e se lance dans une famille recomposée, sachez que les jeunes enfants peuvent tout à fait s’attacher à un beau-parent sans que cela nuise ou joue sur votre relation ou sur l’amour qu’il vous porte. Même si c’est difficile pour vous, le mieux que vous puissiez faire pour votre enfant est de l’autoriser à s’attacher ou aimer son nouveau beau-parent. Cela lui évitera de lourds conflits de loyauté et de grandes souffrances (et ce, même si c’est difficile ou déstabilisant pour vous). L’idéal ? Eviter donc de discréditer la nouvelle famille et le nouveau partenaire, et dire ouvertement que c’est ok s’il passe de bon moment là-bas et qu’il aime bien son beau-parent.

Avant 6 ans, l’âge d’or de la recomposition familiale ?
Dans “L’Enfant de l’autre”, Catherine Sellenet et Claudine Paque citent une étude américaine “Strengths of remarried families” de Knaub (P.K.), Hanna (S.L.) et Stinnet (N.) parue dans Journal of Divorce. L’étude est loin d’être récente, elle date de 1984, mais elle montre que les enfants avant 6 ans “seront plus conciliants envers un nouveau beau-parent, quel que soit son genre. Les garçons seraient, semble-t-il, plus faciles avec le beau-parent que les filles, celles-ci s’identifiant davantage à leur mère, voire la remplaçant auprès du père lors de la phase de monoparentalité. La belle-mère serait dès lors plus facilement une rivale potentielle…”
A lire, “L’Enfant de l’autre”, Catherine Sellenet et Claudine Paque, Editions Max Milo, à acheter ici

Les 6-11 ans et la famille recomposée

À cet âge, les enfants développent une conscience accrue des relations familiales et peuvent éprouver des sentiments de loyauté envers le parent absent (et surtout celui qui lui semble plus malheureux). Résultat : ils sont davantage susceptibles de percevoir le beau-parent comme un intrus, menant à des résistances, des conflits voire du rejet

Ils peuvent encore à cet-âge là facilement s’imaginer que leurs parents vont revenir ensemble. L’arrivée d’un nouvel amoureux ou d’une nouvelle amoureuse de leur parent dans leur vie vient démolir ce doux rêve. Ca non plus, ça n’aide pas l’enfant à bien accueillir le nouveau beau-parent.

Enfin, c’est un âge où ils peuvent facilement avoir l’impression qu’ils n’ont de contrôle sur rien. C’est peut-être logique vu leur âge, mais cela peut-être angoissant en cas de gros changements dans leur vie, et difficile à vivre à mesure qu’ils grandissent.

Pour les aider : La communication ouverte et le respect de leurs sentiments sont essentiels pour faciliter leur adaptation, bien sûr. Mettre en place des rituels, prendre le temps que se noue une vraie relation de confiance avec le beau-parent avant d’imposer une relation d’autorité, ne pas aller trop vite de manière générale, peut vraiment aider l’enfant à s’adapter en douceur à la nouvelle configuration familiale.

Pour faciliter encore l’emménagement tous ensemble, présentez-lui les avantages pour lui et essayer de lui conserver de petites marges de choix (aménager sa chambre, choisir la couleur d’un mur ou son lit…). Tout ce qui peut lui donner l’impression d’avoir un peu de prise sur ce qu’il vit… lui à qui on vient d’imposer la séparation de ses parents, un voire plusieurs déménagements et de nouvelles personnes dans sa vie et sous son toit (et qui a donc l’impression de subir sans rien pouvoir contrôler).

Les adolescents et la nouvelle famille recomposée (12-18 ans)

C’est un âge plus difficile quand il s’agit de reconstruire une nouvelle vie familiale.  Pourquoi ? Parce que les adolescents sont par définition en quête d’identité et d’autonomie : ils cherchent à se détacher de leur famille pour se construire, eux. Leur dynamique est donc l’opposé de celle du parent recomposant qui lui, rêve avec cette nouvelle tribu recomposée, de “refaire famille”. 

Sans compter que les conflits de loyauté peuvent à cet âge-là devenir plus “inflammables”. Les ados sont franchement plus enclins à exprimer des sentiments de colère ou de trahison à la suite de la séparation de leurs parents. Ils peuvent avoir davantage tendance à prendre fait et cause pour l’un de leurs parents contre l’autre. Et surtout, à remettre en question l’autorité d’un nouveau beau-parent qui tenterait de s’imposer un peu vivement à un âge où ils supportent moins bien les contraintes, quelles qu’elles soient. 

Comment aider les ados à s’adapter à la famille recomposée ? En les rassurant avant tout sur le fait que même s’ils grandissent, la famille sera là pour prendre soin d’eux et les soutenir. Il s’agit aussi de les rassurer sur l’amour que leur porte le parent qui recompose, bien expliquer qu’il n’y a pas de rivalité, qu’ils ne perdent rien dans la recomposition (surtout s’il y a d’autres enfants).

A cet-âge aussi, les impliquer dans les prises de décision qui les concernent, montrer que leur avis compte peut les aider à accepter la nouvelle configuration familiale. A cet âge où l’intimité est importante, s’assurer qu’ils ont un espace à eux, qu’on respecte bien leur intimité, peut vraiment les aider à s’adapter.

Enfin, il ne s’agit pas de tout céder ou de leur faire croire qu’ils seront le 3ème adulte de la maison ! Le maintien de limites claires, tout en respectant leur besoin d’indépendance, est crucial pour établir des relations harmonieuses dans lesquelles ils restent à leur place d’enfant (surtout si dans les mois précédents, vivant seuls avec son parent, l’ado a pris plus de responsabilités qu’il n’aurait dû…).

Un dernier conseil ? Les ados ont tendance à voir leurs parents comme des êtres asexués. L’arrivée d’un nouvel amoureux ou amoureuse vient les détromper. Mais mieux vaut éviter autant que possible les gestes démonstratifs, les déclarations et les baisers enflammés en leur présence, car cela peut vraiment les mettre mal à l’aise et créer une forme de rejet.

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Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.