Heureux ensemble

Trois signes qui montrent que votre famille recomposée ne va pas bien

Le tumulte des premiers mois est passé, vous vivez désormais sous le même toit, mais les crises que vous traversez au quotidien vous questionnent : tout le monde a-t-il trouvé sa place dans cette nouvelle tribu ? Cette famille recomposée est-elle en bonne santé ? Va-t-elle durer ? Ces questionnements sont légitimes mais chaque famille est unique et il n’est pas toujours évident de percevoir les écueils. En revanche, certaines situations assez répandues sont dangereuses pour l’équilibre des familles recomposées. En voici 3 fréquentes et des conseils pour en sortir.

Tout n’est jamais tout rose en famille. Qui plus est en famille recomposée. Les désaccords peuvent être nombreux, des conflits peuvent éclater sans être pour autant un signe que “rien ne va plus”. Mais alors quand s’inquiéter ? Quels sont les problèmes qui présentent un risque pour l’équilibre de la famille recomposée? Voici 3 situations assez classiques et des pistes de réflexion pour que parents, beaux-parents, enfants et beaux-enfants cohabitent de manière harmonieuse.

1- Dans la nouvelle famille recomposée, un beau-parent se sent nié et ne trouve pas sa place

Le contexte : le beau-père ou la belle-mère ne se sent pas respecté. Son investissement dans le quotidien de la famille recomposée n’est pas reconnu, il n’en est pas remercié. Voire pire, il est volontairement laissé de côté car le parent n’arrive pas à lui laisser prendre sa place auprès de ses enfants (parfois complètement inconsciemment). Il a l’impression de devenir un simple spectateur, et d’être “tout juste bon à payer les factures” ou à “faire la bonniche”.

Les relations avec le ou les beaux-enfants sont au point mort : la complicité attendue n’est pas au rendez-vous et ses efforts pour tisser des liens tombent à plat. “Il a beaucoup donné”, “Il a tout essayé” mais rien n’y fait : ses beaux-enfants ne lui accordent qu’indifférence au mieux, mépris au pire.

La piste à creuser pour sortir de cette situation : c’est au parent biologique de prendre la mesure du dysfonctionnement et de repenser son rôle et ses interventions au sein de la famille recomposée. Vous vous reconnaissez dans cette situation et votre partenaire ne le fait pas ? Alertez-le, parlez-lui de votre malaise, il est la clé de voûte des relations entre le beau-parent et les beaux-enfants, comme l’explique la psychologue Agnès de Viaris dans son ouvrage “Famille Recomposée, Guide de premiers secours pour une vie harmonieuse” : “C’est lui qui donne une place au beau-parent que l’enfant doit respecter”. Facile à dire, moins à faire, quand lui-même peut être entravé par sa culpabilité, la peur de moins voir ou de perdre ses enfants, etc…

C’est votre cas ? Vous n’arrivez pas à donner une juste place à votre partenaire dans la nouvelle famille ? Vous peinez à le ou la faire respecter ? Vous ne savez pas comment faire ? Le recours à une personne tierce (psy, médiateur familial) peut aider à dépasser en quelques séances certaines incompréhensions et blocages.

2- Dans la famille recomposée, un enfant se sent incompris et malheureux

L’enfant qui vient de vivre la séparation de ses parents est déjà fragilisé : d’un coup, le quotidien qu’il a toujours connu vire au chaos. Et voilà ensuite que son parent, cette figure qui le rassurait dans tous ces changements, tombe amoureux d’un.e inconnu.e qu’il fait plus ou moins vite rentrer dans sa vie. Sa première réaction est la même que celle qui guidera ses premiers jours dans la famille recomposée : il a peur. Peur d’être abandonné, peur que son parent lui préfère son amoureux.se, peur qu’il préfère ses enfants…

Et voici que tout change à nouveau avec la recomposition : souvent un nouveau déménagement, un nouveau cadre, de nouvelles personnes qui sont là, sous son toit, avec qui il faut apprendre à parler, à partager, à vivre… 

La peur peut alors faire place à la colère, elle-même suscitée par le sentiment d’injustice : pourquoi devrait-il, lui, s’adapter à une situation qu’il n’a pas choisie, alors qu’il a été mis devant le fait accompli ? Pourquoi devrait-il obéir à un inconnu qui n’est ni son père, ni sa mère ? Pourquoi faudrait-il qu’il soit aimable avec lui ou ces enfants, dont il subit la présence ? 

Il peut vite en vouloir à la terre entière, son parent en premier lieu, se sentir incompris, perdu. Certains vont tout mettre en oeuvre pour ne pas s’attacher et de ne pas se faire aimer de ces nouveaux venus qu’il ne veut pas dans sa vie, quand d’autres vont redoubler d’inventivité pour faire capoter la famille recomposée.

Les pistes à creuser : c’est au parent une fois encore d’accompagner son enfant pour lui éviter une trop grande souffrance, comme le rappelle Agnès de Viaris : “Les enfants n’ont pas toujours la capacité ni la maturité pour comprendre ces émotions qui parfois les submergent. IIs ont besoin d’être entourés, protégés et canalisés. Cette responsabilité incombe au parent soutenu par le beau-parent”.

Ce qui passe d’abord par la communication pour lui indiquer tôt les changements à venir, pour le rassurer sur l’amour inconditionnel qui lui est porté, pour lui expliquer et lui rappeler encore et toujours le cadre. C’est notamment lui qui “doit conduire l’enfant vers le beau-parent en respectant ses limites, le rassurer sur ses craintes tout en conservant son rôle et sa responsabilité de parent. Il facilite la rencontre entre ces deux mondes jusqu’à ce qu’ils aient leurs propres liens indépendamment de lui”, détaille ainsi la psychologue.

Ce qui nécessite un dernier élément clé : la patience. Les liens humains, l’attachement ne se décrètent pas, ils se construisent lentement. S’apprivoiser prend du temps ! Ne cherchez pas à brûler les étapes.

3- Dans la famille recomposée, un parent se sent “coincé”, tiraillé entre l’amour pour son enfant et l’amour pour son partenaire

“C’est ta fille ou moi !” Comment de parents ont entendu cette phrase dans la bouche de leur partenaire ? Car c’est malheureusement une situation assez classique : perdus entre leur amour filial et leur amoureux.se, les parents biologiques des familles recomposées peinent à trouver eux aussi leur marque. A s’affirmer aussi, entre un sentiment de culpabilité parfois envahissant (surtout si la séparation précédente était de leur fait) et la peur de perdre leur progéniture (surtout si l’ex ou l’enfant lui-même découvre qu’il a là un petit pouvoir sur son parent).

En découlent des parents pris en tenaille entre leur désir de refaire leur vie, de réussir leur nouveau couple et le devoir de soutenir leurs enfants, bousculés par la recomposition. Surtout que souvent, c’est lui qui recueille les plaintes de tous côtés et qui se retrouve dans la délicate position d’arbitre. Pas étonnant, alors, que ce soit lui, aussi, qui écope des rancoeurs de toutes parts. Ce sont ces parents tiraillés qui deviennent parfois ces parents que l’on dit “démissionnaires”, mais qui sont souvent des pères en pleine noyade émotionnelle ou des mères qui cherchent à ménager tout le monde, sans parvenir à faire respecter leur propre position, leur propre bien-être. 

Le beau-parent lui, ne trouvant pas sa place non plus, finit par se sentir délaissé et en vient à ce chantage insoluble pour le parent : ton enfant ou moi. Choix impossible qui aboutit à toujours plus d’immobilisme et d’évitement de la part du parent, pris comme jamais en tenaille par ceux qu’il aime profondément… et bien souvent abattu.

Les pistes à creuser : communiquer bien sûr ! Remettre les enfants à leur place d’enfant (pour éviter qu’ils ne tirent parti d’une situation de chantage), mais aussi éviter de fuir les situations problématiques qui vont donner l’impression d’un manque de courage ou de considération pour le beau-parent notamment. 

En tout état de cause, le parent doit pouvoir retrouver une place de pivot – et non de simple bureau des plaintes – au sein de la famille recomposée, en écoutant, certes, mais aussi en faisant respecter son autorité et les règles de la maison, en soutenant le beau-parent. Mais l’important est surtout de donner une vraie priorité à son couple, qui est malheureusement trop souvent le grand oublié de la recomposition. Or sans couple fort et durable, il ne peut y avoir de famille recomposée heureuse. Des thérapeutes de couple ou des médiateurs peuvent, s’il le faut, vous aider à sortir des frustrations accumulées et de la rancoeur pour repartir sur des bases saines. N’hésitez pas à les contacter pour sortir de l’ornière.

Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.