Ces erreurs que font les jeunes belles-mères en famille recomposee
Famille recomposée,  Trouver sa place

Ces nouvelles belles-mères qui veulent trop bien faire

L’enfer est pavé de bonnes intentions. Les premiers pas d’une belle-mère en famille recomposée également. Voici trois pièges fréquents où vouloir trop en faire est tentant… mais risqué ! Explications et conseils de psy pour éviter les ornières.

1- En faire trop pour que tout le monde s’aime

L’amour donne des ailes… mais nous engage, parfois aussi, dans des promesses difficiles à tenir. Bien sûr, sur le papier, il nous semble naturel d’aimer les enfants de l’homme que l’on aime. Mais dans la réalité, l’amour ne se décrète pas. Toutes les belles-mères n’aiment pas spontanément et naturellement leurs beaux-enfants dès le jour de la rencontre (d’ailleurs, personne ne songerait à demander à des enfants d’aimer immédiatement un beau-parent sorti de nulle part !). Certaines mettront des mois ou des années. D’autres ne les aimeront jamais tout à fait. Et inversement, l’attachement des enfants à leur beau-parent peut être très prudent, timide… ou ne jamais vraiment se développer. 

Mais, bonne nouvelle, l’amour n’est pas indispensable à la vie en famille recomposée, tant qu’il y a du respect et un quotidien agréable pour tous ! Ne pas aimer vos beaux-enfants ne vous empêchera pas de prendre soin d’eux ou de passer de bons moments en leur compagnie. Au contraire, cela peut même vous épargner à tous une méchante culpabilité si, comme souvent, les sentiments ne sont pas immédiatement au rendez-vous ! (Même si, bien sûr, c’est parfois difficile à entendre quand on rêve d’une vie de famille douce et heureuse, comme dans les films !)

Inutile donc de jurer de les aimer comme votre propre chair, au risque que cela sonne un peu faux (les enfants ne sont jamais vraiment dupes) et de vous coller à tous une sacrée pression.

Le conseil de l’experte : La psychologue Emmanuelle Drouet vous conseille de prendre le contrepied de ces très bonnes intentions pour crever rapidement l’abcès : il n’y a pas d’obligation à aimer en famille recomposée ! “En tant que belle-mère, vous pouvez dire aux enfants : “Vous savez, vous avez le droit de ne pas m’aimer. je débarque dans votre vie, ça ne doit pas être facile pour vous, vous n’êtes pas obligés de m’aimer”. En bref, de camper le décor, en ajoutant :  “On va prendre le temps de se découvrir, de se connaître. Il arrivera peut-être que vous m’en vouliez, que vous ne soyez pas d’accord avec moi… vous aurez le droit mais la seule chose que je vous demande, c’est de me respecter”. Vous verrez, bien souvent, ça soulage tout le monde !”

En savoir plus

Emmanuelle DROUET (@peripepsy sur instagram) est psychologue clinicienne depuis 20 ans. Maman et belle-mère, elle vit à Vincennes en famille recomposée.

En parallèle, elle écrit des romans dont le dernier, L’écho des souffrances silencieuses vient de paraître aux éditions Jouvence.

2- En faire trop pour que tout le monde soit heureux

Là encore, tout part d’un bon sentiment : les enfants et leur père ont vécu une séparation difficile ou des temps un peu tristes depuis. Vous avez envie que la nouvelle famille vienne effacer cette période compliquée, vous souhaitez remettre de la joie dans leur existence et recréer une vie de famille heureuse… C’est tout à votre honneur. Sauf que se transformer en Chief Happiness Officer de la nouvelle tribu n’est pas franchement une bonne idée. Parce qu’il est possible que personne ne vous en demande autant. Parce qu’il est encore plus probable que la vie de famille que vous espérez ne soit pas tout à fait celle dont les autres rêvent. Déception, frustration et remises en question vous attendent donc au bout du chemin.

Le conseil de l’experte : “Au début, mieux vaut ne pas trop intervenir dans la vie de famille de votre compagnon”, recommande Emmanuelle Drouet. “Il a ses habitudes avec son ou ses enfants, évitez donc de vous imposer. Avec les enfants, souvent, plus on veut passer en force, moins on a de chance d’y parvenir ! Les premiers temps peuvent être difficiles : les enfants sont distants, indifférents voire franchement hostiles ? Ne le prenez pas personnellement ! Ce n’est pas contre vous. Il ne faut pas oublier qu’ils ont déjà vécu une première rupture de liens avec un adulte. Comment leur demander de s’attacher à une nouvelle figure alors qu’ils ont compris, depuis peu, qu’ils ne pouvaient pas vraiment faire confiance aux adultes, puisqu’ils ne peuvent plus vivre avec papa et maman tous les jours.”

Mieux vaut toujours garder en tête que les réactions que les enfants peuvent avoir vis-à-vis de nous, les beaux-parents, n’ont rien à voir avec nous en tant que personne. Non, ce qu’ils critiquent ou rejettent, c’est notre fonction ! Bien sûr, on a tendance à le prendre pour soi, et c’est normal. Surtout qu’on peut être, dans ces premiers temps de la recomposition, dans une position où l’on se sent fragile, vulnérable, émotif.” 

Donc mieux vaut être prudent, se préserver et s’investir en douceur pour ne pas risquer une trop grande et rapide déconvenue.

3- En faire trop pour recréer une vie de famille “comme avant” (mais qui ne sera jamais tout à fait comme avant)

Changer la déco de la maison pour l’égayer et vous sentir chez vous, mettre en place de nouvelles règles et de nouveaux rituels pour que chacun se sente bien, proposer de nouvelles recettes pour leur faire goûter vos spécialités… Dans ces premiers mois de la famille recomposée, vous pouvez être tentée de redoubler d’efforts pour créer pour vous, votre compagnon et ses enfants une vie de famille qui vous ressemble. Mais qui potentiellement, ne ressemble plus du tout à celle qu’ils vivaient eux, jusque-là, et qui convenait si ça se trouve très bien aux enfants ainsi ! 

Le risque : que les petits voient dans vos efforts des tentatives de gommer leur vie d’avant (c’est-à-dire pour eux, leurs souvenirs, leur mère, le cocon qu’ils avaient créé avec leur père) et qu’ils se braquent directement. Car comme les adultes – et peut-être encore plus que les adultes ! – les enfants n’aiment pas le changement.

Le conseil de l’experte : “Allez-y doucement ! Eviter de mettre en place de nouvelles règles trop rapidement, surtout si cela va concerner votre autorité”, explique Emmanuelle Drouet. “Si vous n’avez pas d’abord créé une histoire et une complicité avec les enfants, avec des émotions positives issues de moments passés ensemble, ils risquent de ne pas accepter le nouveau cadre que vous allez mettre en place.” 

Qu’ils s’agissent des règles à appliquer à la maison (rangement des chambres, heure du coucher, etc…) mais aussi des petits changements que vous allez proposer : ils ne vont pas aimer la nouvelle peinture du salon, vont détester vos petits plats (et ne se priveront pas de vous le dire) et certainement se plaindre de tous ces changements que vous apportez. “L’erreur, c’est de vouloir d’emblée imposer son autorité, un peu comme une maîtresse ou un prof en début d’année qui veut montrer qu’il ou elle est le chef tout de suite pour ne pas se laisser marcher sur les pieds”, prévient la psychologue. “Mais ce qui marche pour une maîtresse ne marche jamais pour une belle-mère !” 

Apprenez à vivre avec eux d’abord, à vous fondre dans le décor, avant d’apporter de légers changements, par petites touches et après avoir réussi à créer une connivence avec les enfants. Ils ont déjà connu beaucoup de changements dans leur vie, ils ont besoin de temps et de confiance pour vous faire une place dans leur quotidien.

Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.