Familles recomposées : des pères lâches, vraiment ?

Ils ne prendraient jamais position, laisseraient les conflits s’envenimer sans intervenir… Cela revient souvent dans les discussions entre belles-mères : les pères en famille recomposée seraient de grands lâches ! Le psychiatre Christophe Fauré, dans son ouvrage sur la recomposition Comment t’aimer, toi et tes enfants ?, parle lui de “noyade émotionnelle”. En question : un comportement que l’on associe à de la lâcheté mais qui révèle surtout une mauvaise gestion du stress relationnel et qui leur fait minimiser ou fuir les conflits.

Dans les discussions entre belles-mères, sur les forums dédiés, nous retrouvons souvent la même plainte : des mères, des belles-mères qui fustigent le comportement de leur conjoint, qui ne prennent jamais position entre leurs enfants biologiques et elles, qui minimisent leurs difficultés au sein de la famille recomposée… voire qui “fuient” régulièrement le domicile pour ne pas être mêlés aux disputes des uns avec les autres.

En cause selon les commentateurs : leur lâcheté ! Un comportement que l’on attribue volontiers aux hommes et qui se révèlerait particulièrement à cette occasion.

Qu’est-ce que la noyade émotionnelle des pères ?

Une conclusion tentante mais qui, selon certains spécialistes, n’est pas forcément la réalité. Dans son ouvrage Comment t’aimer, toi et tes enfants ?, le psychiatre et psychothérapeute Christophe Fauré prend le contrepied et explique que cette attitude ne relève pas d’une forme de lâcheté mais plutôt de ce qu’il nomme une “noyade émotionnelle” dûe à une mauvaise gestion du stress relationnel. “Après une dispute, les signaux physiologiques de stress (rythme cardiaque accéléré, tension artérielle élevée) perdurent plus longtemps chez l’homme que chez la femme. L’homme arrive beaucoup plus rapidement que la femme à une saturation de ses capacités d’adaptation au stress relationnel, ce qui provoque un véritable épuisement émotionnel. Quand les disputes se répètent à intervalles rapprochés, l’homme se noie émotionnellement, d’où sa tendance à quitter rapidement toute situation de conflit récurrente.”

Une attitude dangereuse pour le couple

Une réalité qui permet aux femmes, en cas de conflit sur le sujet, de mieux comprendre l’attitude de leur conjoint : non, il ne vous “néglige” pas ou ne vous “oublie” pas de manière consciente, volontaire et réfléchie ! Reste que cette attitude met gravement en danger le couple et la famille et qu’une fois leurs réactions mieux comprises, les pères devraient tout mettre en œuvre pour ne pas céder à cette tendance.

La solution ? Plus que jamais, la communication au sein du couple. Se parler franchement, sans faux-semblant et sans agressivité. Privilégier des endroits neutres, des moments calmes, en faisant l’effort de vraiment écouter l’autre et de trouver ensemble des solutions réalistes. Et si l’animosité est trop forte, le passif trop chargé, n’hésitez pas à vous faire aider d’un professionnel de l’accompagnement qui pourra vous donner un petit coup de pouce pour prendre du recul, de la hauteur afin de sortir de chacun de ses propres ornières : la peur, la culpabilité, la rancoeur… Pour repartir du bon pied.