Batailles pour la garde des enfants, procès à répétition : “Je renonce à la famille recomposée pour préserver ma santé mentale”
Alice a tenté pendant 7 ans de construire une famille recomposée avec un homme dont le passé ne passe pas. 7 ans de tensions avec les enfants et de batailles avec l’ex autour du mode de garde. 7 ans de procès et d’attente, qui ont tué son couple à petit feu et mis son moral à rude épreuve. Témoignage.
J’ai rencontré mon compagnon alors que nous étions tous les deux fraîchement séparés de nos conjoints respectifs. De mon côté, j’avais deux garçons de 2 et 6 ans, et la séparation avec le papa était plutôt pacifique grâce à une médiation familiale. J’avais trouvé une maison seule avec eux et j’ai attendu que lui ose arrêter la cohabitation avec son ex. Ses 3 filles avaient à l’époque 10 ans pour l’aînée et 6 ans pour ses jumelles. Ce sont d’ailleurs nos séparations qui nous ont rapprochés : nous avions pris l’habitude de se confier l’un à l’autre et de fil en aiguille, nous sommes tombés amoureux.
Il est retourné chez ses parents le temps de sa procédure : il venait chez moi dès que les miens n’étaient pas là et on organisait des moments avec eux, en parallèle. En revanche, du côté de ses enfants, ça a de suite était plus compliqué : sa grande a refusé tout net la moindre visite avec son père chez moi. J’ai dû la voir 5 ou 6 fois en tout et pour tout en 7 ans. Au bout de 18 mois, il a trouvé un appart où il prenait les jumelles un week-end sur deux et la moitié des vacances. Car il avait en fait tout laissé à son ex : maison, meubles, épargne… et même la garde des filles. Il n’a pas exigé non plus de désolidarisation du prêt immobilier, souci qui a gangréné progressivement notre relation.
Rebâtir une histoire au milieu d‘une guerre
Mon compagnon et son ex s’attaquaient en permanence en procès. Ce qui fait que moi, j’entendais toujours la même petite musique : « je fais ce procès-là et ensuite, je m’occuperai de nous », « Je n’ai pas les moyens de nous offrir ce resto/ce week-end, à cause de la pension/à cause des frais d’avocats ».
Finalement, nous n’avons jamais vraiment eu de vie de famille à cause de leur guerre. Les filles venaient avec des insultes plein la bouche venant de leur maman et lui ne décrochait jamais son téléphone pour recadrer tout ça, il se contentait de hurler sur ses filles. Et toujours aucun projet de couple pour nous, du coup, car il était trop occupé à gérer tout ça…
Bataille sur bataille…
Il y a deux ans, les filles un peu plus apaisées, ont demandé une garde alternée. Il a alors ressaisi le JAF, mais la mère les à fait témoigner contre nous. On s’est entendu dire que c’était une demande pour l’argent, que leur père et moi étions maltraitants. Suite à cela, leurs visites sont devenues hyper compliquées : elles ne disaient rien du week-end, lui passait son temps à hurler sur les enfants, les miens y compris… Il était désespéré, certes, mais pour le coup, plus que maladroit.
Au final, les enfants n’étaient plus heureux du tout. Ni les miens, ni les siens. Au bout d’un an, ses filles ont décidé qu’elles ne voulaient plus venir. Il a cédé, son ex a attaqué à nouveau pour abandon des enfants… l’éternel recommencement.. Entre deux, il a cherché à se désolidariser du prêt immobilier pour qu’on puisse en prendre un ensemble, mais il a perdu à nouveau.
Une attente interminable et stérile
Il a fini par perdre pied. Il ne nourrissait jamais notre couple, il perdait les pédales, puis s’excusait et se victimisait beaucoup… Moi, je me sentais de plus en plus mal : je voyais les années défiler et sans rien pour nous : pas de vacances, pas de week-end, pas d’affection. Non au mariage, non à un enfant. Que de l’attente. Mais jusqu’à quand ?
Je finissais par m’interroger tous les jours : “mais qu’est-ce que je fais là, en fait ? Toutes ces années servent à quoi ?” Est-ce être matérialiste, comme j’ai pu l’entendre, de rêver que notre couple se concrétise un minimum ? Que l’on puisse avoir des projets à nous ?
Une expérience amère plus qu’un échec
J’ai fini par renoncer : je le quitte progressivement aujourd’hui, parce que je suis épuisée de ne plus penser à moi depuis 7 ans. Je le quitte pour préserver ma santé mentale. J’ai 42 ans, je n’aurai plus d’enfants, j’ai perdu 7 ans. 7 ans que je tiens une corde finalement seule, car j’ai aussi géré les procédures, les avocats, les attaques sous mon propre toit, etc… Mes mains sont en sang, je lâche.
Je pense que nous aurions pu avoir une autre histoire s’il avait eu le courage de laisser le passé où il est, et de finalement réellement « rompre » avec son ex (il est juste parti un jour) et de me donner une juste place auprès de lui. Mais je ne le vis pas comme un échec, ça restera pour moi une expérience amère, plutôt.
Aujourd’hui, je suis presque heureuse de me libérer de toute cette charge mentale, de cette vie en attente, de ces batailles. Heureuse de pouvoir me consacrer à mes enfants et à mon travail que j’adore. Certaines belles-mères ont tenté de me dire “allez tiens le coup ! Quelques années et le passé ne pourra plus agir sur vous” Mais non, désolée, je ne veux plus encore attendre pour vivre… Je veux juste vivre.”