5 étapes pour s'investir sans heurts dans l'éducation des beaux-enfants
Trouver sa place

Beau-parent  : 5 étapes pour vous investir dans l’éducation de vos beaux-enfants

En matière d’éducation, il y a des beaux-parents qui se satisfont d’un rôle de “bon copain”, “d’assistant” du parent voire de simple “spectateur”. Et il y a ceux qui souhaitent s’investir : donner des repères, transmettre leurs valeurs, faire respecter les règles, aider à grandir… Oui mais, dans la réalité, tout n’est pas si simple. Voici quelques étapes et conseils simples pour que le rôle que vous avez envie de jouer soit accepté par tous dans la famille recomposée.

Merci à Marine Manard, neuropsychologue, pour ses précieux conseils

1- Laisser le temps à l’enfant de nous apprivoiser et de nous accepter 

Si notre nouveau partenaire nous a choisi.e, ses enfants, eux, n’ont rien demandé. En général, ils préféreraient que papa et maman soient ensemble et heureux et que vous n’existiez pas. Votre arrivée dans leur vie est donc, la plupart du temps, tout sauf une bonne nouvelle pour eux de prime abord. Bien sûr, ils pourront changer de point de vue, vous accepter, vous apprécier peut-être vous aimer par la suite, mais au début, rien n’est gagné !

Vous avez envie de trouver votre place auprès de cet enfant ? Vous avez l’impression qu’il est un peu perdu avec son parent, qu’il n’a pas de règle, qu’il a besoin d’un “homme” dans sa vie ou d’une présence féminine ? C’est votre analyse et elle peut être juste. Mais attention à ne pas vous précipiter et à ne pas brûler les étapes.

“Si on veut aller trop vite, on peut donner l’impression que l’on souhaite remplacer l’autre parent et imposer quelque chose de différent” explique Marine Manard, neuropsychologue et autrice de “Eduquer sans violence”. 

Mieux vaut au contraire, apprendre à connaître l’enfant, à s’intéresser sincèrement à lui, à prendre petit à petit une place dans sa vie, afin de gagner la légitimité qui rendra acceptables les changements ou les prises de position concernant son éducation. Sans ça, vous risquez fort de passer pour un étranger qui n’a pas son mot à dire. 

A LIRE
Envie de mieux comprendre comment “fonctionne » votre enfant ou votre bel-enfant ? Comment répondre à ses réactions avec bienveillance ? Eviter toutes les formes de violence éducative ? Marine Manard a écrit ce livre “trousse à outils” pour aider tous les parents et coparents à éviter punitions, chantage, menaces, humiliations et intimidations… Et à les remplacer par des méthodes efficaces pour retrouver des relations plus sereines avec les enfants.
Eduquer sans violences, de Marine Manard, Editions Dunod, 17, 90 euros. A commander ici

2- Se mettre d’accord entre adultes sur le cadre éducatif

En matière de famille recomposée, il n’y a pas vraiment de modèle, de cadre. C’est à chaque famille de trouver son fonctionnement et à chaque couple d’en définir ensemble les contours comme l’explique Marine Manard. “Est-ce que l’autorité parentale revient juste aux parents ? Quelle place le “parent biologique” est-il prêt à vous laisser, à vous le beau-parent ?” Concrètement, prenez-vous en charge le bain ? Les devoirs ? Est-ce à vous de rappeler ou de faire respecter les règles de la maison, ou seulement à son parent ? Tous ces sujets doivent être discutés en amont pour éviter les non-dits et les malentendus qui peuvent peser lourd sur la légitimité du beau-parent et sur le couple au passage. L’objectif : il faut qu’il y ait un accord explicite et clair entre adultes, sur la manière de faire quand il s’agit de l’éducation du ou des enfants.

3- Exposer le cadre aux enfants

“En matière d’éducation, tout passe par l’explication et le rappel”, prévient la neuropsychologue. “Un enfant de 4 ans, il va certainement falloir lui rappeler le mardi, le mercredi et le jeudi ce qu’on lui a dit le lundi. Je n’aime pas particulièrement parler de cadre ou de limites, mais un enfant a surtout besoin de repères et de sécurité. C’est cette combinaison des deux facteurs qui va lui permettre de s’épanouir tout en assurant sa protection. Or ces repères vont conditionner la vie familiale : l’enfant doit pouvoir comprendre que le beau-parent va avoir tel ou tel rôle.”

Il est important que le parent biologique “cautionne” le rôle du beau-parent, c’est lui qui va lui transférer en quelque sorte sa légitimité à intervenir auprès de l’enfant. Sa validation claire et visible est donc cruciale, même si d’’autres facteurs pèsent sur le fait que les enfants accepteront plus ou moins facilement le rôle et l’autorité du beau-parent. Les circonstances de la séparation, ce que l’autre parent dit du nouveau compagnon ou de la nouvelle compagne à l’enfant, pèsent ainsi souvent sur les relations qui se développeront entre l’enfant et le beau-parent.

4- Impliquer les enfants

Impliquer les beaux-enfants dans ces sujets peut également jouer positivement sur la façon dont ils accepteront les nouveaux repères, les nouvelles règles, et ce nouvel adulte. Concrètement, cela leur donnera un peu de contrôle, de choix, de latitude.

« Il faut comprendre que les enfants ne contrôlent pas grand-chose dans leur vie, mais avec la séparation de leurs parents, c’est bien pire, ils ne contrôlent plus rien, explique Marine Manard. Cela peut les insécuriser énormément, créer des tensions, une hostilité apparente. 
C’est valable aussi pour nous, adultes. Si on se met à leur place, on se rend vite compte que nous aussi, le fait de nous imposer des choses crée des résistances en nous… car tout peut être vécu comme une perte de contrôle.”

Discuter et débattre des règles et des “qui fait quoi” à la maison peut au contraire, en leur donnant l’impression de “compter” dans l’organisation, favoriser l’acceptation des règles par les enfants…

5- Eviter un « choc » des éducations

L’enfant qui sort du divorce de ses parents a en général déjà l’expérience de la vie de la famille d’avant. Son cadre, ses règles, ses valeurs. C’est bien souvent, la seule vie de famille qu’il connaît. “Cela va donc être compliqué pour lui de réadapter ses règles de vie, explique la psy. Mettez-vous à la position de l’enfant : imaginez voir arriver dans votre vie un beau-parent qui débarque avec ses gros sabots pour tout changer et imposer sa place. Vous en penseriez quoi ?” 

Face à un enfant à vif, qui a peur de ne plus être aimé ou de “perdre” ses parents qu’ils voient moins qu’avant, mieux vaut donc y aller en douceur et s’inscrire dans l’éducation qu’il a reçue, quitte ensuite à mettre en place quelques petits changements quand il sera prêt, avec tact, plutôt que vouloir changer d’un coup toute son éducation. “Imposer sa place de force ne sert à rien, conclut Marine Manard. Un enfant à vif après une séparation, c’est un peu comme un animal blessé : un être qui s’apprivoise en douceur, et en prenant son temps”.

A LIRE
Eduquer sans violences, de Marine Manard, Editions Dunod, 17, 90 euros. A commander ici

Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.