“Ce qui me semblait si dur quand je suis devenue belle-mère ne l’est plus aujourd’hui : comment je me suis apaisée”
Ressources,  Témoignages

“Ce qui me semblait si dur quand je suis devenue belle-mère ne l’est plus aujourd’hui, je me suis apaisée »

(Témoignage de Soleil 2/2) Soleil est devenue belle-mère à tout juste 23 ans. Ses proches ne comprenant son choix, elle s’est sentie seule dans ce rôle très challengeant. Mais avec le soutien de son compagnon et la douceur de ses beaux-enfants, elle a tout surmonté. Ses peurs, ses frustrations, les jugements… Après 5 ans de vie commune, elle le dit volontiers : tout va bien. Très bien même. Récit d’une révolution intérieure.

J’ai rencontré mon compagnon alors que j’avais seulement 23 ans : j’étais étudiante et j’habitais encore chez mes parents. J’ai tout de suite appris qu’il était papa séparé avec 2 enfants et je me suis posé beaucoup de questions. Mais malgré mes doutes, mes interrogations, je me suis attachée à lui. Au début, nous avons voulu prendre le temps d’apprendre à nous connaître. J’ai gardé le début de la relation un peu secret, nous sommes restés dans notre petit cocon, en dehors de la réalité, ça nous a fait du bien. Au bout d’un an, on a eu l’impression d’avoir franchi une étape, on s’est dit qu’il fallait que je rencontre ses enfants. Et moi, que j’en parle à mes proches. Malheureusement, mes proches n’ont pas compris ma décision.

Mais heureusement, mon compagnon m’a toujours soutenue. Et surtout, tout s’est très bien passé avec mes beaux-enfants, ma belle-fille était tout bébé, elle avait un an à peine… Mais ils étaient tellement petits que j’avais peur de faire un faux pas. Et j’avais tellement envie qu’ils m’aiment ! J’ai eu de la chance, tout s’est fait naturellement.

Je suis arrivée en douceur dans leur vie (je vivais toujours avec mes parents), je jouais beaucoup avec eux, je ne suis pas arrivée d’un coup à temps plein, avec une posture d’autorité. Bien sûr, les heures de sieste, de biberon… j’ai découvert toutes les contraintes et les frustrations qui allaient avec. Mais l’accueil des enfants m’a aidée à prendre ce rôle de belle-mère.

Avec l’ex, une rencontre en douceur

Au début, j’ai même oublié l’existence de leur maman. J’ai eu la chance qu’ils se soient quittés en bon terme avec mon compagnon, donc ça aussi, ça s’est passé naturellement. Je n’ai pas rencontré son ex tout de suite, mais un jour elle est venue chercher les enfants, on s’est fait la bise sur le pas de la porte. Pour être parfaitement honnête, j’avais appréhendé la rencontre : cette femme qui allait faire partie de ma vie me faisait un peu peur. J’ai mis du temps à me sentir prête mais mon copain l’a tout de suite compris. Je crois que je suis quelqu’un de très jaloux et ce n’est franchement pas facile d’accepter qu’il y ait eu une autre femme… et qu’elle soit toujours autant présente. 

Mais c’est quelqu’un de très cool. Elle ne nous a jamais mis de bâtons dans les roues. Elle a rencontré son nouveau compagnon un peu plus tard. Je me souviens, quand je l’ai appris, que j’ai été super contente. Je me suis dit : « chouette, un beau-père ! On va former une équipe, je pourrais discuter avec lui ». Mais il n’est pas réellement investi dans ce rôle…

Pour en savoir plus sur Soleil
Libraire de formation, Soleil a crée un site Soleil-recompose.com et un compte Instagram sur lequel elle partage toutes ses reco lectures sur la famille recomposée… Mais pas que, loin de là ! On y retrouve des chroniques, des articles de blogs, du partage d’expérience et des ressources précieuses pour les belles-mères. Foncez la retrouver !

Le cap pas si évident de l’emménagement en famille recomposée

J’ai passé mes examens, ça n’a pas été si facile avec ma double vie d’étudiante/vie de famille. Et assez vite, mon compagnon a eu envie de passer à l’étape suivante : vivre ensemble. Moi je n’étais pas prête. J’y ai vu comme un chantage : ça n’allait pas fonctionner si on ne vivait pas ensemble. Il fallait que ce soit sérieux, concret. Au final, j’ai accepté parce que j’avais peur de le perdre.

Mais ça s’est très bien passé. Même si j’ai eu peur. Peur d’être toujours là quand les enfants seraient là. Dans ma tête, vivre avec les enfants, ça voulait dire que je devais m’investir plus. Que je prenne un rôle d’autorité. Que je n’avais plus d’échappatoire…. Ça m’a mis la pression.

Mais mon compagnon m’a toujours écoutée et rassurée. Je pouvais toujours tout lui dire, même par rapport aux enfants, même le négatif. Ça a joué sur le fait que oui, la famille recomposée pour nous, ça a fonctionné.

Prendre soin de soi en tant que belle-mère

Lui a relâché la pression. Il s’est dit que j’allais l’aider, qu’il y aurait une femme à la maison. Ça a été normal pour moi de prendre ce rôle. Mais sans m’en apercevoir, j’ai pris beaucoup sur mes épaules. Ma charge mentale a explosé. Ça a été l’alerte : je devais penser à moi. Parce que je voulais être parfaite : la fille parfaite, la belle-mère parfaite, la belle-fille parfaite…

Je lui en ai parlé pour qu’il comprenne le besoin de prendre soin de moi. De pouvoir faire ce que je choisis de faire. Que je n’étais pas leur mère, que j’avais besoin d’avoir mon propre rythme. Et surtout que j’avais besoin de prendre le temps.

Nous avons eu une grosse discussion suite à ce déclic et ça nous a sauvés. Même si ma belle-famille n’a pas compris. Ma belle-mère par exemple a mal pris le fait que je ne parte pas systématiquement en vacances avec eux. Mais je n’y prenais pas de plaisir au début, c’était épuisant. 

Mon compagnon m’a soutenu et on a trouvé notre rythme. Certains jeudis soirs, par exemple, je “m’échappais” chez mes parents. Je partais pour souffler, me ressourcer auprès d’eux. Mais je sais que ça a pu être pris comme une fuite, un abandon. Moi-même, je culpabilisais : je me disais “il doit galérer avec les enfants”, que j’aurais pu l’aider.

Ce qui était si dur ne l’est plus : comment tout s’est apaisé

Depuis, tout va tellement mieux ! Le temps a aidé. J’ai appris que ce n’était pas égoïste de se prioriser et de penser à soi. En famille recomposée, si la belle-mère ne pense pas à elle, c’est simple, personne ne le fera ! Personne ne pense à la belle-mère, elle passe après tout le monde : les enfants, les ex, etc. Personnellement, j’ai vraiment vécu comme une injustice le fait de devoir m’adapter en permanence, que ce soit aux contraintes liées à l’âge des enfants ou aux exigences et demandes de l’ex.

Mais 7 ans plus tard, je peux témoigner que ce qui me semblait si dur avant… ne l’est plus aujourd’hui. Par exemple, passer mes vacances avec eux : c’est devenu un vrai plaisir maintenant. Je pense qu’il faut du temps aussi pour accepter les paramètres de cette nouvelle vie : les contraintes, les horaires. De mon côté, je suis devenue plus positive, plus ouverte. Je ne stresse plus. Pour plein de choses, je me sens plus légitime.

Surmonter les hauts et les bas ensemble

Ca a été un long travail, mais toujours avec le soutien de mon compagnon. Je sais aujourd’hui que pour lui, ce n’était pas facile non plus. Il y a eu des hauts et des bas. Il a pu culpabiliser par moments de ne pas pouvoir m’offrir la vie que je voulais. Par exemple, moi, j’avais besoin de cadre, de pouvoir planifier : que les enfants ne viennent que tel ou tel jour. La moindre nouveauté ou changement dans la logistique, ça me faisait paniquer. Mais lui savait que l’organisation ne pouvait pas rester immuable.

J’ai dû beaucoup travailler sur ça pour apprendre à lâcher prise, surtout qu’en tant qu’hypersensible je vivais tout puissance 1000.

Une révolution personnelle

Je dirais que ces dernières années, j’ai fait ma révolution. Et je me suis souvent félicitée : le fait d’être belle-mère a été un accélérateur, je me suis vraiment découverte. Parfois c’est allé trop vite, ça m’a bousculée, mais ça m’a fait sortir de ma zone de confort. Il y avait dans mon couple un décalage qu’il a fallu combler : nous avions 9 ans d’écart et une vie de parent de différence ! Et puis, lui, il avait eu son couple d’avant, sans enfants, pour vivre à deux, voyager, avant de devenir parent. Moi je n’ai jamais eu tout ça. J’ai eu très peu de moments en amoureux, et assez peu de temps pour que notre couple se ressource. Mais j’ai pu lui dire que j’avais besoin de vivre notre amour, besoin de temps ensemble. J’ai imposé une semaine de vacances sans les enfants. C’était peu mais je me suis habituée.

On a fait au mieux et on a progressé ensemble. Les enfants m’ont beaucoup aidée dans les moments de doute : ils me demandaient, ils revenaient vers moi gentiment, avec un cadeau, un petit mot… comme s’ils sentaient que je n’allais pas bien… Et alors, tous mes doutes s’envolaient. 

Avec le recul, j’ai réalisé que j’avais beaucoup de croyances limitantes. La première d’entre elles  ? “Ça ne changera jamais !” Et pourtant, ça a changé… Et maintenant je le sais : ça va changer encore !

A lire aussi sur Les Nichées

Journaliste depuis plus de 20 ans, ancienne rédactrice en chef de Psychologies.com, je m'intéresse depuis toujours aux questions familiales et la psycho au sens large. Je suis moi-même mère et belle-mère et partage ici les meilleurs conseils d'experts pour vivre le plus sereinement possible le quotidien de parent séparé, que vous viviez en famille monoparentale ou recomposée.